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fils unique de mes parents, je ne fasse descendre avec tristesse leur vieillesse dans le tombeau.”[1] 16Et l’ange Raphaël lui dit : “Écoute-moi, et je t’apprendrai qui sont ceux sur lesquels le démon a du pouvoir.[2] 17Ce sont ceux qui entrent dans le mariage en bannissant Dieu de leur cœur et de leur pensée, pour se livrer à leur passion, comme le cheval et le mulet qui n’ont pas de raison : sur ceux-là le démon a pouvoir. 18Mais toi, lorsque tu l’auras épousée, étant entré dans la chambre, vis avec elle en continence pendant trois jours, et ne songe à autre chose qu’à prier Dieu avec elle. 19La première nuit, livre au feu le foie du poisson, et le démon s’enfuira. 20La seconde nuit, tu seras admis dans la société des saints patriarches. 21La troisième nuit, tu recevras la bénédiction promise à leur postérité, afin qu’il naisse de vous des enfants pleins de vigueur. 22La troisième nuit passée, tu prendras la jeune fille dans la crainte du Seigneur, guidé bien plus par le désir d’avoir des enfants que par la passion, afin que tu obtiennes dans tes enfants la bénédiction promise à la race d’Abraham.”


6. Chap. vii, 1-20:Chez Raguel; Tobie obtient la main de Sara.chez Raguel, il reconnaît Tobie, son cousin (vii, 1-8). Avant le festin, Tobie demande Sara (vii, 9, 10). Doutes de Raguel. Raphaël les dissipe (vii, 11, 12). Consentement, acte de mariage, festin (vii, 13-17). Sara dans la chambre nuptiale (vii, 18-20).

Ils entrèrent chez Raguel, qui les reçut avec joie. 2À la vue de Tobie, Raguel dit à Anne, sa femme : “Comme ce jeune homme ressemble à mon cousin !”[3] 3Ayant ainsi parlé, il dit aux voyageurs : “D’où êtes-vous, jeunes gens, nos frères ?” Ils répondirent : “Nous sommes de la tribu de Nephthali, du nombre des captifs de Ninive.” 4Raguel leur dit : “Connaissez-vous Tobie, mon frère ? “— “Nous le connaissons”, répondirent-ils. 5Et comme Raguel disait beaucoup de bien de Tobie, l’ange lui dit : “Tobie, dont tu nous parles, est le père de ce jeune homme.” 6Aussitôt Raguel courut à lui et l’embrassa avec larmes, pleurant à son cou. 7“Sois béni, mon fils, dit-il, car tu es fils d’un homme de bien, du meilleur des hommes !”[4] 8Et Anne, sa femme, et Sara, leur fille, versaient des larmes.

9Après qu’ils se furent ainsi parlés, Raguel fit tuer un bélier et préparer un festin ; et, comme il les engageait à s’asseoir pour le repas,[5] 10Tobie dit : “Je ne mangerai ni ne boirai ici aujourd’hui, que tu ne m’aies d’abord accordé ma demande, et que tu ne me promettes de me donner Sara, ta fille.” 11En entendant ces mots, Raguel fut saisi de frayeur, sachant ce qui était arrivé aux sept maris qui s’étaient approchés d’elle, et il commença à craindre que pareil malheur n’arrivât encore à celui-ci. Comme il était dans cette incertitude et ne donnait aucune réponse à la demande de Tobie, 12l’ange lui dit : “N’appréhende point de donner ta fille à ce jeune homme ; car c’est à lui, qui craint Dieu, qu’elle doit appartenir comme épouse ; voilà pourquoi aucun autre n’a pu la posséder.” 13Alors Raguel dit : “Je ne doute pas que Dieu n’ait admis en sa présence mes prières et mes larmes. 14Et je crois qu’il vous a fait venir vers moi, afin que ma fille épousât son parent, selon la loi de Moïse. N’aie donc plus de doute que je te la donne.” 15Et prenant la main droite de sa fille, il la mit dans la main droite de Tobie, en disant : “Que le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob soit avec vous, que lui-même vous unisse et qu’il répande sur vous sa pleine bénédiction !” 16Puis ayant pris du papier, ils rédigèrent l’acte du mariage. 17Après quoi, ils prirent part au festin, en bénissant Dieu.

18Raguel appela Anne, sa femme, et lui ordonna de préparer une autre chambre. 19Elle y conduisit Sara, sa fille, qui se prit à pleurer. 20Et elle lui dit : “Aie bon courage, ma fille. Que le Seigneur du ciel te donne la joie à la place du chagrin que tu as éprouvé !”


7. Chap. viii, 1-24 : Tobie auprès de Sara. — Conjuration du démon (viii, 1-3). Tobie fait part à Sara de ses pieux sentiments (viii, 4, 5), leurs prières (viii, 6-10). Inquiétudes et précautions de Raguel (viii, 1, 11, 12) ; sa joie en apprenant l’heureuse issue ; il unit son action de grâces ù celle de sa femme (viii, 13-20). Réjouissances et présents (viii, 21-24).

Le repas achevé, ils conduisirent le

  1. 15. Le Vaticanus : “Je suis fils unique de mon père, et je crains qu’en entrant près d’elle, je ne meure comme les premiers ; parce qu’un démon l’aime (Sinaïtiens : ne lui fait pas de mal à elle), mais ne fait de mal qu’à ceux qui veulent s’approcher d’elle (Sinaiticus : il tue celui qui veut, etc.) ; je crains donc de mourir et de réduire mon père et ma mère à passer leur vie dans la tristesse à mon sujet jusqu’au tombeau, et il ne leur reste aucun autre fils pour les ensevelir.”
  2. 16-22. LXX : “L’ange lui dit :” Ne te sourient-ils pas de ce que ion père t’a dit, lorsqu’il t’a ordonné de te choisir une femme de sa famille ? Écoute-moi donc, mon frère ; elle sera ton épouse et ne compte pour rien ce démon, parce que cette nuit même elle te sera donnée pour épouse. Lorsque tu entreras dans la chambre nuptiale, tu prendras le brasier aux parfums, sur lequel tu mettras du cœur et du foie du poisson, et tu les feras fumer. Alors le démon, frappé de cette odeur, s’enfuira et ne reviendra plus jamais. Lorsque tu le seras approché d’elle, levez-vous l’un et l’autre et élevez votre voix vers le Dieu de miséricorde, et il vous sautera et aura pitié de vous. Ne crains point ; car elle t’est destinée de tout temps. Tu la sauveras et elle ira avec toi, et je ne doute pas que tu n’en aies des enfants. “Tobie à ces paroles aima Sara ; son âme s’attacha étroitement à elle, et il arriva à Ecbatane.”
  3. VII. 2. Anne, selon la Vulg. et l’Ital. ; les autres textes l’appellent Edna (hébr. Ednah, délices), et c’est probablement le nom qu’elle portait.
  4. 7. Les LXX ajoutent : Mais lorsqu’il eut appris que Tobit avait perdu les yeux, il fut saisi de tristesse et pleura.
  5. 9. Dans les LXX, c’est Raphaël qui, à la prière de Tobie, demande pour lui la fille de Raguel. Celui-ci expose ses inquiétudes à Tobie, et c’est alors que ce dernier prononce les paroles du vers. 10.