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adieu à son père et à sa mère, et il se mit en route avec l’ange.

23Lorsqu’ils furent partis, la mère se mit à pleurer, en disant : “Tu nous as ôté le bâton de notre vieillesse, et tu l’as éloigné de nous. 24Plût à Dieu que cet argent pour lequel tu l’as envoyé, n’eût jamais existé ! 25Car notre pauvreté nous suffisait, et c’était pour nous une richesse que de voir notre fils.” 26Tobie lui répondit : “Ne pleure point; notre fils arrivera sain et sauf, et il reviendra vers nous sain et sauf, et tes yeux le reverront. 27Car je crois qu’un bon ange de Dieu l’accompagne, et qu’il dispose heureusement tout ce qui lui arrive, en sorte qu’il reviendra vers nous avec joie.” 28A cette parole, sa mère cessa de pleurer et elle se tut.


4. Chap. vi, 1-9 : Halte au bord du Tigre et capture du poisson.

Tobie partit, suivi du chien, et il fit sa première halte près du fleuve du Tigre. 2Comme il descendait sur la rive pour se laver les pieds, voici qu’un énorme poisson s’élança pour le dévorer.[1] 3Effrayé, Tobie poussa un grand cri, en disant : “Seigneur, il se jette sur moi !”[2] 4L’ange lui dit : “Prends-le par les ouïes et tire-le à toi. “Ce qu’ayant fait, il le tira sur la terre sèche, et le poisson se débattit à ses pieds. 5L’ange lui dit : “Vide ce poisson, et conserves-en le cœur, le fiel et le foie, car ils sont employés comme d’utiles remèdes.” 6Il obéit ; puis il fit rôtir une partie de la chair, qu’ils emportèrent avec eux pour la route ; ils salèrent le reste, qui devait leur suffire jusqu’à ce qu’ils arrivassent à Ragès, ville des Mèdes.[3] 7Et Tobie interrogea l’ange, en disant : “Je te prie, Azarias mon frère, de me dire quelle vertu curative possèdent les parties de ce poisson que tu m’as commandé de garder.” 8L’ange lui répondit : “Si tu poses sur des charbons une petite partie du cœur, la fumée qui s’en exhale chasse toute espèce de démons, soit d’un homme, soit d’une femme, en sorte qu’ils ne peuvent plus s’en approcher. 9Et le fiel sert à oindre les yeux couverts d’une taie, et il les guérit.”

5. Chap. vi, 10 —22 : Raphaël déclare à Tobie qu’il lui faut demander Sara en mariage.L’ange invite Tobie à s’arrêter chez Raguel et à demander Sara en mariage (vi, 10-13). Objections de Tobie, les sept maris tués par le démon (vi, 14, 15). Réponse de Raphaël : ceux sur qui le démon a pouvoir (vi, 16, 17) ; précautions à prendre et conduite à tenir (vi, 18-22).

10Tobie lui dit : “Où veux-tu que nous prenions du repos ?” 11L’ange lui répondit : “Il y a ici un homme appelé Raguel, de ta tribu et de ta famille ; il a une fille nommée Sara, mais, en dehors d’elle, il n’a aucun autre enfant, fils ou fille.[4] 12Tout son bien doit te revenir, et il faut que tu la prennes pour épouse.[5] 13Demande-la donc à son père, et il te la donnera pour femme.” 14Alors Tobie répondit : “J’ai ouï dire qu’elle avait déjà épousé sept maris, et qu’ils sont tous morts et l’on m’a dit encore qu’un démon les avait tués. 15Je crains donc que le même chose ne m’arrive à moi-même, et que, étant

  1. VI, 2. Pour le dévorer, pour dévorer le pied du jeune homme, dit le texte gr. du Sinaï.
  2. 3. Ce verset manque dans les LXX, et les versets 4 et 5 ont un texte plus abrégé.
  3. 6 8. Le sens est le même dans le grec, mais les détails varient un peu ; il n’est pas question, par exemple, de saler une partie du poisson. — Au lieu de Ragès, on lit Ecbatane dans le grec, et cette leçon est préférable.
  4. 11. LXX : “Car c’est à toi que doit échoir son héritage, étant seul de sa famille. Cette jeune fille est belle et sage. Maintenant donc, écoute-moi, et je parlerai à son père ; et quand nous serons revenus de Ragès, nous célébrerons ce mariage. Car je sais que Raguel ne la donnera à aucun autre homme, selon la loi de Moïse, qu’il n’encoure la mort ; car c’est à toi, préférablement à tout autre, qu’il appartient de recueillir son héritage.
  5. 12. Il faut : c’était une obligation légale ; une fille héritière devait épouser un homme de sa tribu, son parent : Nombr. xxvii, 8 et xxxvi, 6-12. (Comp. Deut. xxv, 6 sv. ; Ruth, iv, 4 sv. où nous trouvons une loi analogue.)