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à la servitude nos fils et nos filles, et il y a de nos filles qui sont déjà servantes !… Et nous n’y pouvons rien, car nos champs et nos vignes sont à d’autres.”

6Je fus très irrité lorsque j’entendis leurs plaintes et ces paroles. 7Et, après avoir réfléchi en moi-même,[1] j’adressai des réprimandes aux grands et aux magistrats, et je leur dis : “Vous prêtez donc à intérêt, chacun à votre frère !” Et, ayant réuni à cause d’eux une grande assemblée, 8je leur dis : “Nous avons racheté selon notre pouvoir nos frères les Juifs qui étaient vendus aux nations, et vous vendriez vous-mêmes vos frères, et c’est à nous qu’ils seraient vendus !…” Ils se turent, ne trouvant rien à répondre. 9J’ajoutai : “Ce n’est pas une bonne action que vous faites là ! Ne devriez-vous pas marcher dans la crainte de notre Dieu, pour éviter l’insulte des nations, nos ennemies ? 10Moi aussi, mes frères et mes serviteurs, nous leur avons prêté de l’argent et du blé. Faisons l’abandon de cette dette. 11Rendez-leur donc aujourd’hui leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, et le centième de l’argent, du vin nouveau et de l’huile que vous avez exigé d’eux comme intérêt.” 12Ils répondirent : “Nous le rendrons, et nous ne leur demanderons plus rien ; nous ferons ce que tu dis.” J’appelai alors les prêtres, et je leur fis jurer qu’ils agiraient selon cette parole. 13Et je secouai mon manteau,[2] en disant : “Que Dieu secoue ainsi hors de sa maison et de ses biens tout homme qui n’aura pas tenu cette parole, et qu’ainsi cet homme soit secoué et laissé à vide !” Toute l’assemblée dit : “Amen !” et loua Yahweh ; et le peuple agit selon cette parole.

14Depuis le jour où le roi me chargea d’être leur gouverneur dans le pays de Juda, savoir depuis la vingtième année jusqu’à la trente-deuxième année du roi Artaxerxès, pendant douze ans, ni moi ni mes frères n’avons mangé le pain du gouverneur.[3] 15Les anciens gouverneurs qui m’avaient précédé accablaient le peuple et recevaient de lui du pain et du vin, outre quarante sicles[4] d’argent ; leurs serviteurs mêmes opprimaient le peuple ; mais moi, je n’ai point agi de la sorte, par crainte de Dieu. 16Et même, je me suis appliqué à l’œuvre de cette muraille ; nous n’avons acheté aucun champ, et tous mes gens étaient là rassemblés pour l’œuvre. 17J’avais à ma table cent cinquante hommes, Juifs et magistrats, outre ceux qui venaient à nous des nations d’alentour. 18Voici ce qu’on préparait pour chaque jour : un bœuf, six moutons choisis, de la volaille étaient préparés à mes frais, et, tous les dix jours, tout le vin nécessaire, en abondance. Malgré cela, je n’ai pas réclamé le pain[5] du gouverneur, parce que les travaux pesaient lourdement sur ce peuple.

19Souvenez-vous en ma faveur, ô mon Dieu, de tout ce que j’ai fait pour ce peuple !


5. Chap. vi, 1-19 : Achèvement des travaux, malgré de nouvelles intrigues.Les ennemis provoquent Néhémie à une rencontre, avec des desseins perfides (vi, 1-9) ; un homme soudoyé par eux, veut amener Néhémie à se compromettre (vi, 10-14). Achèvement des murailles, découragement des ennemis (vi, 15, 16) ; leurs intelligences avec les grands de Juda (vi, 17-19).

Lorsqu’il fut connu de Sanaballat, de Tobie, de Gosem l’Arabe et du reste de nos ennemis que j’avais rebâti la muraille et qu’il n’y restait plus de brèche — jusqu’à cette date toutefois je n’avais pas mis les battants aux portes, — 2Sanaballat et Gosem m’envoyèrent dire : “Viens, et ayons ensemble une entrevue dans les villages, dans la vallée d’Ono.” Ils avaient le dessein de me faire du mal. 3Je leur envoyai des messagers pour leur dire : “J’exécute un grand travail, et je ne puis descendre. Pourquoi le travail serait-il interrompu, parce que je le quitterais pour descendre vers vous ?” 4Ils m’adressèrent quatre fois la même proposition, et je leur fis la même réponse. 5Sanaballat m’envoya de la même manière une cinquième fois son serviteur, qui tenait à la main une lettre ouverte. 6Il y était écrit : “Le bruit se répand parmi les nations et Gosem affirme que toi et les Juifs, vous avez dessein de vous révolter, et que c’est pour cela que tu rebâtis la muraille ; et, d’après ces rapports, tu veux devenir leur roi.

  1. 7. Et après avoir réfléchi en moi-même ; m. à m. Et mon cœur prit conseil en moi. — À cause d’eux. D’autres : contre eux.
  2. 13. Je secouai mon manteau : après avoir relevé mon manteau et y avoir fait un pli, je fis le geste d’en répandre à terre le contenu (voir Is. xlix, 22, et comp. Matth. x, 14 ; Act. xiii, 51).
  3. 14— Nous n’avons mangé le pain du gouverneur, c.-à-d. nous n’avons pas utilisé les frais de table alloués au gouverneur.
  4. 15. Outre quarante sicles, etc. ; le mot achar se prête mal à cette signification de outre. La Vulgate paraît supposer un autre texte (yaïn yôm échad au lieu de : yaïn achar) et permet de traduire : et recevaient de lui pour le pain et le vin, quarante sicles d’argent par jour.
  5. 18. Je n’ai pas réclamé le pain, les sommes allouées pour la nourriture.