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la maison de ton maître, et j’ai mis sur ton sein les femmes de ton maître ; et je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda, et, si cela était trop peu, j’y aurais encore ajouté ceci ou cela. 9Pourquoi as-tu méprisé la parole de Yahweh, en faisant ce qui est mal à ses yeux ? Tu as frappé par l’épée Urie le Héthéen ; tu as pris sa femme pour en faire ta femme, et tu l’as tué par l’épée des fils d’Ammon. 10Et maintenant, l’épée ne s’éloignera jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Héthéen, pour en faire ta femme. 11Ainsi parle Yahweh : Voici que je vais faire lever, de ta maison même, le malheur sur toi, et je prendrai sous tes yeux tes femmes pour les donner à ton voisin, et il couchera avec tes femmes à la vue de ce soleil. 12Car toi, tu as agi en secret ; et moi, je ferai cela en présence de tout Israël et à la face du soleil.”

13David dit à Nathan : “J’ai péché contre Yahweh.” Et Nathan dit à David : “Yahweh a pardonné ton péché, tu ne mourras point. 14Mais, parce que tu as fait, par cette action, mépriser Yahweh par ses ennemis, le fils qui t’est né mourra.” 15Et Nathan s’en alla dans sa maison.

Yahweh frappa l’enfant que la femme d’Urie avait enfanté à David, et il devint gravement malade. 16David pria Dieu pour l’enfant, et jeûna ; et, étant entré dans sa chambre, il passa la nuit couché par terre. 17Les anciens de sa maison insistèrent auprès de lui pour le faire lever de terre ; mais il ne voulut point et ne mangea pas avec eux. 18Le septième jour, l’enfant mourut. Les serviteurs de David craignaient de lui annoncer que l’enfant était mort, car ils disaient : “Lorsque l’enfant vivait encore, nous lui avons parlé, et il n’a pas écouté notre voix ; comment lui dirons-nous : L’enfant est mort ? Il fera pis encore.” 19David s’aperçut que ses serviteurs parlaient tout bas entre eux, et David comprit que l’enfant était mort. David dit à ses serviteurs : “L’enfant est donc mort ?” Ils dirent : “Il est mort.” 20Alors David, s’étant levé de terre, se baigna, s’oignit et changea de vêtements ; puis il alla dans la maison de Yahweh et se prosterna. Revenu chez lui, il demanda qu’on lui servît à manger, et il mangea. 21Ses serviteurs lui dirent : “Qu’est-ce que tu fais là ? Lorsque l’enfant vivait, tu jeûnais et tu pleurais, et maintenant que l’enfant est mort, tu te lèves et tu manges du pain ! [1]22Il dit : “Quand l’enfant vivait encore, je jeûnais et je pleurais, car je disais : Qui sait ? Yahweh aura peut-être pitié de moi, et l’enfant vivra ? 23Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Puis-je encore le faire revenir ? J’irai vers lui ; mais il ne reviendra pas vers moi.”

24David consola Bethsabée, sa femme ; il s’approcha d’elle et coucha avec elle, et elle enfanta un fils, qu’il appela Salomon ; et Yahweh l’aima[2], 25et il envoya dire par l’intermédiaire de Nathan, le prophète, qui lui donna le nom de Jedidiah, à cause de Yahweh[3].

4. Chap. xii, 26-31 : Prise de Rabba.Joab invite David à venir achever le siège (xii, 26-28). David s’empare de Rabba, le butin ; châtiment des habitants (xii, 29-31).

26Joab, qui assiégeait Rabba des fils d’Ammon, s’empara de la ville royale[4] ; 27et Joab envoya des messagers à David pour lui dire : “J’ai assiégé Rabba et je me suis déjà emparé de la ville des eaux[5]. 28Maintenant, rassemble le reste du peuple, viens camper contre la ville et prends-la, de peur que je ne prenne moi-même la ville, et qu’on ne l’appelle de mon nom.” 29David rassembla tout le peuple et, ayant marché sur Rabba, il l’attaqua, et s’en rendit maître. 30Il enleva la couronne de leur roi de dessus sa tête : son poids était d’un talent d’or ; et il y avait sur elle une pierre précieuse, et elle fut mise sur la tête de David. Et il emporta de la ville un très grand butin[6]. 31Quant au peuple qui s’y trouvait, il l’en fit sortir et le mit aux scies, aux pics de fer et aux haches de fer, et il les fit passer au moule à briques ; il traita de même toutes les villes des fils d’Ammon. Puis David retourna à Jérusalem avec tout le peuple[7].

  1. Lorsque l’enfant vivait : m. à m. à cause de l’enfant, lorsqu’il vivait. Le vers 22. il est vrai invite à lire beôdh au lieu de baabour et à traduire simplement : Lorsque l’enfant vivait encore.
  2. Salomon, c.-à-d pacifique, homme de paix.
  3. Yedidiah c.-à-d. bien-aimé du Seigneur, de l’hébr. yadad, aimer (d’où dod, amour, qui a formé aussi le nom de David), et de yâh, abrégé de Yahweh.
  4. 26-31. Comp I Par., xx, 1b-3.
  5. La ville royale. Il faut probablement lire la ville des eaux, comme au vers. 27. Aujourd’hui encore, on distingue très nettement à Amman la citadelle et la ville base, copieusement arrosée.
  6. La couronne de leur roi. Le grec lit Milcom, l’idole des Ammonites. Cette leçon est mieux en rapport avec le poids de la couronne (un talent d’or : plus de 58 kg) On ne mit à la couronne de David que la pierre précieuse.
  7. Les mit aux scies, c’est-à-dire les soumit aux corvées. — Au lieu du texte massorétique he’ebir “fit passer” il faut probablement lire né’ébid, fit travailler et le mot malben n’est pas le four, mais le moule à briques. Cf. Revue Biblique, 1898, p 254.