Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Israël, et Juda habitent sous des tentes, mon seigneur Joab et les serviteurs de mon seigneur campent en rase campagne, et moi j’entrerai dans ma maison pour manger et boire, et pour coucher avec ma femme ! Par ta vie et par la vie de ton âme, je n’en ferai rien.” 12David dit à Urie : “Reste ici encore aujourd’hui, et demain je te renverrai.” Et Urie resta donc à Jérusalem ce jour-là et le suivant[1]. 13David l’invita à manger et à boire en sa présence, et il l’enivra ; et le soir, Urie sortit pour s’étendre sur sa couche auprès des serviteurs de son maître, mais il ne descendit pas dans sa maison.

14Le lendemain matin, David écrivit une lettre à Joab et l’envoya par la main d’Urie. 15Il écrivait dans cette lettre : “Placez Urie au plus fort du combat, et retirez-vous de derrière lui, afin qu’il soit frappé et qu’il meure.” 16Joab, qui faisait le siège de la ville, plaça Urie à l’endroit où il savait que se trouvaient les hommes les plus vaillants. 17Les hommes de la ville, ayant fait une sortie pour attaquer Joab, plusieurs tombèrent d’entre le peuple, d’entre les serviteurs de David ; Urie le Héthéen mourut aussi. 18Joab envoya un messager pour informer David de tous les faits du combat ; 19il donna cet ordre au messager : “Quand tu auras achevé de raconter au roi tous les faits du combat, si la colère du roi se soulève et qu’il te dise : 20Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour livrer combat ? Ne saviez-vous pas que les assiégés lanceraient des traits du haut de la muraille ?[2]21Qui a frappé Abimélech, fils de Jérobaal ? N’est-ce pas une femme qui a lancé sur lui du haut de la muraille un morceau de meule, ce dont il est mort à Thébès ? Pourquoi donc vous êtes-vous approchés de la muraille ? — Alors tu diras : Ton serviteur Urie le Héthéen est mort aussi.”

22Le messager partit et, à son arrivée, il raconta à David tout ce que Joab lui avait ordonné[3]. 23Le messager dit à David : “Ces gens, plus forts que nous, ont fait une sortie contre nous dans la campagne, mais nous les avons repoussés jusqu’à la porte. 24Alors leurs archers ont tiré du haut de la muraille sur tes serviteurs, et plusieurs des serviteurs du roi sont morts tués, et ton serviteur Urie le Héthéen est mort aussi.” 25David dit au messager : “Voici ce que tu diras à Joab : Ne sois pas trop en peine de cette affaire, car l’épée dévore tantôt l’un, tantôt l’autre. Redouble de vigueur contre la ville et renverse-la. Et toi, encourage-le.” 26La femme d’Urie apprit que son mari, Urie, était mort, et elle pleura sur son mari. 27Quand le deuil fut passé, David l’envoya chercher et la recueillit dans sa maison. Elle devint sa femme et lui enfanta un fils. Et l’action que David avait faite déplut aux yeux de Yahweh.


3. Chap. xii, 1-25 : Nathan et David.La parabole de Nathan (xii, 1-4). “Tu es cet homme” (xii, 5-7a) ; grandeur de la faute (xii, 7b,-9) ; annonce du châtiment (xii, 10-12). Repentir du roi, pardon divin (xii, 13-15). Maladie de l’enfant, deuil et prière de David (xii, 16, 17). Mort de l’enfant (xii, 19-23). Naissance de Salomon (xii, 24, 25).

Yahweh envoya Nathan vers David ; et Nathan vint à lui et lui dit : “Il y avait dans une ville deux hommes, l’un riche et l’autre pauvre. 2Le riche avait des brebis et des bœufs en très grand nombre, 3et le pauvre n’avait rien, si ce n’est une petite brebis qu’il avait achetée ; il l’élevait et elle grandissait chez lui avec ses enfants, mangeant de son pain, buvant de sa coupe et dormant sur son sein, et elle était pour lui comme une fille. 4Une visite arriva chez l’homme riche ; et le riche s’abstint de prendre de ses brebis ou de ses bœufs, pour préparer un repas au voyageur qui était venu chez lui ; il prit la brebis du pauvre et l’apprêta pour l’homme qui était venu chez lui.”

5La colère de David s’enflamma violemment contre cet homme, et il dit à Nathan : “Aussi vrai que Yahweh est vivant ! l’homme qui a fait cela mérite la mort ; 6et il rendra quatre fois la brebis, pour avoir fait une pareille chose et pour avoir été sans pitié[4].” 7Et Nathan dit à David : “Tu es cet homme-là ! Ainsi parle Yahweh, le Dieu d’Israël : Je t’ai oint pour roi sur Israël, et je t’ai délivré de la main de Saül ; 8je t’ai donné

  1. Et le suivant, le lendemain, pourrait se rattacher au vers. 13.
  2. Ne saviez-vous pas que les assiégés lanceraient des traits du haut de la muraille ? m. à m. ne saviez-vous pas ce qu’on lance de dessus la muraille ?
  3. Les LXX ajoutent : David s’irrita contre Joab et il dit au messager : “Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour combattre ? Ne saviez vous pas que les assiégés lancent des traits du haut de la muraille ? Qui a frappé Abimélech, fils de Jérobaal ? N’est-ce pas une femme qui a lancé sur lui du haut de la muraille un morceau de meule, ce dont il est mort à Thébès ? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la muraille ?” De telles répétitions ne sont pas étrangères au style de ces récits.
  4. Quatre fois la brebis, selon la loi (Exod. xx, 37 : comp. Luc. xix, 8). Les LXX mettent sept brebis, comme Prov. vi, 31.