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tira à l’écart, dans l’intérieur de la porte, comme pour lui parler tranquillement, et là il le frappa au ventre ; il mourut, à cause du sang d’Asaël, frère de Joab. 28David l’apprit ensuite, et il dit : “Je suis à jamais, moi et mon royaume, innocent, devant Yahweh, du sang d’Abner, fils de Ner. 29Que ce sang retombe sur la tête de Joab et sur toute la maison de son père ! Qu’il y ait toujours dans la maison de Joab un homme qui souffre d’un flux ou de la lèpre, ou qui tienne le fuseau, ou qui tombe par l’épée, ou qui manque de pain[1].” 30C’est ainsi que Joab et Abisaï, son frère, tuèrent Abner, parce qu’il avait donné la mort à leur frère Asaël, à Gabaon, dans la bataille.

31David dit à Joab et à tout le peuple qui était avec lui : “Déchirez-vos vêtements, ceignez-vous de sacs et faites le deuil devant Abner.” Et le roi David marchait derrière la litière. 32On enterra Abner à Hébron. Le roi pleura à haute voix sur le tombeau d’Abner et tout le peuple pleura. 33Le roi chanta un chant funèbre sur Abner, et dit :

Abner devait-il mourir comme meurt un insensé ?
34Tes mains ne furent pas liées
et tes pieds ne furent pas jetés dans les chaînes !
Tu es tombé comme on tombe devant des scélérats.

Tout le peuple continua de se lamenter sur Abner ; 35et tout le peuple s’approcha de David pour lui faire prendre de la nourriture lorsqu’il était encore jour. Mais David fit ce serment : “Que Yahweh me traite dans toute sa rigueur, si je goûte du pain ou quoi que ce soit avant le coucher du soleil !” 36Tout le peuple le remarqua et le trouva bon, comme il trouvait bon tout ce que faisait le roi. 37Tout le peuple et tout Israël comprirent en ce jour que ce n’était point de par le roi qu’on avait fait mourir Abner, fils de Ner. 38Le roi dit à ses serviteurs : “Ne savez-vous pas qu’un chef, qu’un grand homme est tombé aujourd’hui en Israël ? 39Pour moi, je suis doux, quoiqu’ayant reçu l’onction royale ; et ces hommes, les fils de Sarvia, sont plus durs que moi. Que Yahweh rende à qui fait le mal selon le mal qu’il fait !”


6. Chap. iv, 1-12 : Mort d’Isboseth, fin de la maison de Saül.Consternation d'Isboseth et d’Israël (iv, 1). Les deux chefs de bandes d’Isboseth (iv, 2, 3) ; son petit fils Miphiboseth (iv, 4). Isboseth tué par ses deux chefs de bandes (iv, 5-7), qui apportent sa tête à David (iv, 8) ; David les fait tuer (iv, 9-12).

Lorsque le fils de Saül apprit qu’Abner était mort à Hébron, ses mains furent sans force, et tout Israël fut dans la consternation. 2Le fils de Saül avait deux chefs de bandes, dont l’un s’appelait Baana, et l’autre Réchab, tous deux fils de Remmon de Béroth, d’entre les fils de Benjamin. Car Béroth est aussi comptée comme faisant partie de Benjamin, 3et les Bérothites s’étaient enfuis à Géthaïm, et ils y ont habité jusqu’à ce jour. 4Jonathas, fils de Saül, avait un fils perclus des deux pieds. Cet enfant était âgé de cinq ans lorsque la nouvelle de la mort de Saül et de Jonathas arriva de Jezraël ; sa nourrice l’avait pris et s’était enfuie, et, dans la précipitation de sa fuite, il était tombé et devenu boiteux ; il s’appelait Miphiboseth[2].

5Or les fils de Remmon de Béroth, Réchab et Baana, vinrent et entrèrent pendant la chaleur du jour dans la maison d’Isboseth, qui était couché pour le repos de midi[3]. 6Ayant pénétré jusqu’au milieu de la maison pour prendre du blé, ils le frappèrent au ventre. Et Réchab, et Baana, son frère, se glissèrent à la dérobée[4]. 7Quand ils entrèrent dans la maison, Isboseth reposait sur son lit, dans sa chambre à coucher ; ils le frappèrent à mort et, lui ayant coupé la tête, ils la prirent, et marchèrent toute la nuit au travers de la Plaine. 8Ils apportèrent la tête d’Isboseth à David, à Hébron, et ils dirent au roi : “Voici la tête d’Isboseth, fils de Saül, ton ennemi, qui en voulait à ta vie. Yahweh a accordé aujourd’hui au roi, mon seigneur, la vengeance sur Saül et sur sa race.” 9David répondit à Réchab et à Baana, son frère, fils de Remmon de Béroth, et leur dit : “Yahweh, qui m’a délivré de tout péril, est vivant ! 10Celui qui est venu me dire cette nouvelle : Voici que Saül est mort, celui-là était à ses

  1. Qui tienne le fuseau, savoir un homme mou, efféminé. Cette leçon appuyée par la lexicographie comparée, est préférable à qui s’appuie sur un bâton (un estropié).
  2. Miphiboseth. Dans la recension lucianique des LXX, on a Memphibaal. Dans les Chroniques, ce nom devient Meri-baal (I Par., ix, 40) et Meribbaal (I Par. viii. 34). Il est probable que le nom primitif était Miphibaal (de la bouche de Baal ; voir la note de II Sam., ii, 8.
  3. Repos du midi, la sieste ou la méridienne, selon la coutume de tous les pays chauds. La Vulgate ajoute, et la portière de la maison s’était endormie en nettoyant du blé : ces mots ont passé de l’ancienne Italique, d’après les LXX (vers. 6), dans la version de S. Jérôme.
  4. LXX : Et voici que la portière de la maison, qui nettoyait le blé, s’était assoupie et dormait ; et Réchab et Baana, les frères (pour son frère), se glissèrent à la dérobée.