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le garçon et dit : “La flèche n’est-elle pas plus loin que toi ?” 38Jonathas cria encore après le garçon : “Vite, hâte-toi, ne t’arrête pas !” Et le garçon de Jonathas ramassa la flèche et revint vers son maître. 39Le garçon ne savait rien ; Jonathas et David seuls comprenaient la chose. 40Jonathas donna ses armes au garçon qui était avec lui, et lui dit : “Va, et portes-les à la ville.” 41Dès que le garçon fut parti, David se leva du côté du midi et, se jetant la face contre terre, il se prosterna trois fois devant Jonathas ; puis ils s’embrassèrent l’un l’autre et pleurèrent au sujet l’un de l’autre, au point que David fondit en larmes[1]. 42Et Jonathas dit à David : “Va en paix, après que nous avons juré l’un et l’autre, au nom de Yahweh, en disant : Que Yahweh soit entre moi et toi, entre ma postérité et ta postérité à jamais !”


David se leva et s’en alla, et Jonathas rentra dans la ville[2].

II. — FUITE DE DAVID ; SA VIE ERRANTE.
[XXI, 2 — XXVI, 25.]
1. Chap. xxi, 2-10 : À Nobé, chez le prêtre Achimélech.David arrive seul à Nobé et demande de la nourriture (xxi, 2-4) ; Achimélech lui donne du pain consacré (xxi, 5-7). Doëg chef des bergers de Saül (xxi, 8). David prend l’épée de Goliath (xxi, 9, 10).

2David se rendit à Nobé, auprès du grand prêtre Achimélech ; et Achimélech accourut effrayé au-devant de David, et lui dit : “Pourquoi es-tu seul et n’y a-t-il personne avec toi ?” 3David répondit au prêtre Achimélech : “Le roi m’a donné un ordre et m’a dit : Que personne ne sache rien de l’affaire pour laquelle je t’envoie et je t’ai donné un ordre. J’ai assigné à mes gens tel lieu de rendez-vous. 4Et maintenant qu’as-tu sous la main ? Donne-moi cinq pains dans la main, ou ce qui se trouvera.” 5Le prêtre répondit à David et dit : “Je n’ai pas sous la main de pain ordinaire, mais il y a du pain consacré ; pourvu que tes gens se soient abstenus de femmes.” 6David répondit au prêtre et lui dit : “Nous nous sommes abstenus de femmes depuis trois jours que je suis parti, et les vases de mes gens sont chose sainte ; et si le voyage est profane, pourtant il est sanctifié quant au vase[3] ?” 7Alors le prêtre lui donna du pain consacré, car il n’y avait pas là d’autre pain que le pain de proposition, qu’on avait ôté de devant Yahweh, pour le remplacer par du pain chaud au moment où on l’enlevait. 8— Ce même jour, se trouvait là un homme d’entre les serviteurs de Saül, retenu devant Yahweh ; il s’appelait Doëg, un Edomite, chef des bergers de Saül.

9David dit à Achimélech : “N’as-tu pas sous la main une lance ou une épée ? car je n’ai pas même pris avec moi mon épée ni mes armes, parce que l’ordre du roi était pressant.” 10Le prêtre répondit : “Il y a l’épée de Goliath, le Philistin que tu as tué dans la vallée du Térébinthe ; la voilà, enveloppée dans le manteau, derrière l’éphod. Si tu veux la prendre, prends-la, car il n’y en a pas d’autre ici.” Et David dit : “Elle n’a pas sa pareille, donne-la-moi.”

2. Chap. xxi, 11 — xxii, 5 : Diverses étapes de la fuite.Chez Achis roi de Geth ; (xxi, 11-16). Dans la caverne d’Odollam (xxii, 1, 2). À Maspha, dans le pays de Moab (xxii, 3, 4). Dans la forêt de Haret (xxii, 5).

11David se leva et s’enfuit ce même jour loin de Saül ; il se rendit chez Achis, roi de Geth. 12Les serviteurs d’Achis lui dirent : “N’est-ce pas là David, roi du pays ? N’est-ce pas celui pour qui l’on chantait en dansant :

Saül a tué ses mille,
et David ses dix mille.


13David prit ces paroles à cœur, et il eut une grande peur d’Achis, roi de Geth. 14Il dissimula sa raison à leurs yeux et fit l’insensé entre leurs mains ; il battait du tambour sur les battants des portes, et il laissait couler sa salive sur sa barbe[4]. 15Achis dit à ses serviteurs : “Vous voyez

  1. Fondit en larmes, m. à m., le fit (pleura) grandement.
  2. 1 de l’hébreu correspond à xx, 43 de la Vulgate, en sorte que, dans le chap. XX la Vulgate est en retard d’un verset sur l’hébreu.
  3. 6. Nous nous sommes abstenus de femmes, m. à. m. La femme a été pour nous chose prohibée. La suite du verset est difficile, et le texte est peut-être altéré ; la traduction est conjecturale. Le mot vase pourrait être un euphémisme.
  4. Il battait du tambour, hébr. vayyatof : ainsi ont lu les LXX et la Vulg. L’hébreu actuel porte, vayatthav, il faisait des marques, savoir la marque d’un thau, en forme de croix chez les anciens Hébreux et les Phéniciens. La première leçon semble préférable.