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et pour que mon nom soit célébré sur toute la terre.” 18Ainsi il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut[1].

19Tu me diras : De quoi donc Dieu se plaint-il encore ? Car qui peut s’opposer à sa volonté ? 20Mais plutôt, ô homme, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Est-ce que le vase d’argile dit à celui qui l’a façonné : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? 21Le potier n’est-il pas maître de son argile, pour faire de la même masse un vase d’honneur et un vase d’ignominie[2] ? 22Et si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère, formés pour la perdition, 23et s’il a voulu faire connaître aussi les richesses de sa gloire à l’égard des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire[3], 24envers nous, qu’il a appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les Gentils, où est l’injustice ?

25C’est ainsi qu’il dit dans Osée : “Celui qui n’était pas mon peuple, je l’appellerai mon peuple et celle qui n’était pas la bien-aimée, je l’appellerai bien-aimée[4].” 26“Et dans le lieu où il leur fut dit : Vous n’êtes pas mon peuple, là même on les appellera fils du Dieu vivant[5].” 27D’autre part, Isaïe s’écrie au sujet d’Israël : “Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, un faible reste seulement sera sauvé[6].” 28Car accomplissant sa parole pleinement et promptement, il l’exécutera sur la terre [en toute justice][7]. 29Et comme Isaïe l’avait prédit : “Si le Seigneur des armées ne nous avait laissé un rejeton, nous serions devenus comme Sodome, et nous aurions été semblables à Gomorrhe[8].”

2. Chap. ix, 30x, 21. — L’infidélité d’Israël, cause de sa réprobation. Attaches à la justice des œuvres, ils ont dédaigné la justice par la foi en Jésus-Christ (30-33). Cependant la Loi même pour laquelle ils ont eu un zèle louable leur montrait en Jésus-Christ le terme de ces prescriptions (x, 1-8a) et dans la foi en lui la voie unique et universelle du salut (8b-13). Leur ignorance est sans excuse (14-21).

30Que dirons-nous donc ? Que les Gentils, qui ne cherchaient pas la justice, on atteint la justice, mais la justice qui vient de la foi, 31tandis qu’Israël, qui cherchait une loi de justice, n’est point parvenu à une loi de justice. 32Pourquoi ? parce qu’il a cherché à l’atteindre, non par la foi, mais comme s’il avait pu arriver par les œuvres. Il s’est heurté contre la pierre d’achoppement, 33selon qu’il est écrit : “Voici que je mets en Sion une pierre d’achoppement et un rocher de scandale, mais quiconque croit en lui ne sera pas confondu[9].”


Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés[10]. 2Car je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais c’est un zèle mal éclairé. 3Ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. 4C’est qu’en effet la fin de la Loi c’est le Christ, pour la justification de tout homme qui croit.

  1. Il endurcit, de fait, non d’intention, en posant des moyens destinés à convertir Pharaon, mais qui, rendus impuissants par la faute de ce dernier, sont devenus l’occasion ou la cause négative de son endurcissement. Voilà pourquoi l’Écriture dit en maints endroits que Pharaon endurcit son cœur ou s’endurcit lui-même (Exod. viii, 15 ; ix, 12).
  2. Sag. xv, 7 ; Eccli. xxxiii, 13.
  3. Eph. iii, 16.
  4. Osée, ii, 25, cité librement. Dans le sens propre et littéral, il s’agit des dix tribus, corrompues et idolâtres, véritables païens séparés de Yahweh. Leur conversion, qui leur rendra la prérogative de peuple de Dieu, se présente à l’esprit de Paul comme la figure de celle des gentils. Comp. I Pier, ii, 10. La Vulg. ajoute : et celle qui n’a pas obtenu miséricorde, je l’appellerai, objet de miséricorde, leçon conforme à l’hébreu, mais qui fait double emploi avec l’incise précédente.
  5. Autre citation d’Osée (i, 10), parlant encore des dix tribus.
  6. Is. x, 22, cité d’après les Septante, avec une légère modification empruntée à Osée, i, 10. — Un faible reste : Is. i. 10, 25 ; vii, 3 etc
  7. Vulg. C’est une décision arrêtée et qu’il accomplira promptement en toute justice ; oui, c’est un oracle hâtif (c’est-à-dire qui mûrit vite pour l’accomplissement), que le Seigneur accomplira sur la terre. Les Septante ont assez mal traduit l’hébreu.
    Dans le sens historique, cette prédiction a pour objet les calamités qui désolèrent le royaume de Juda sous Ezéchias, par suite de l’expédition de Sennachérib (II Rois, xviii, 13). Le petit nombre de ceux qui échapperont au désastre est aux yeux de S. Paul une figure du petit nombre des Juifs qui croiront en J.-C. et seront sauvés.
  8. Isaïe (i, 9), cité d’après les Septante.
  9. L’Apôtre fond ensemble deux versets d’Isaïe (viii, 14 et xxviii, 16) qui, dans le sens littéral, se rapportent à Yahweh et à la théocratie de l’ancienne alliance, et, dans le sens typique, au Messie. Comp. I Cor. i, 23 ; Matth. xi, 6 ; I Pier. ii, 6 sv.
  10. Le vœu, Vulg. l’inclination de mon cœur.