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Chap. X, 12.
Chap. X, 38.
ÉVANGILE SELON S. JEAN.

le bon pasteur. Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. 12Mais le mercenaire, qui n’est pas le pasteur, et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, laisse là les brebis et prend la fuite ; et le loup les ravit et les disperse. 13Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire et qu’il n’a nul souci des brebis. 14Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, 15comme mon Père me connaît, et que je connais mon Père, et je donne ma vie pour mes brebis. 16J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène, et elles entendront ma voix, et il y aura une seule bergerie, un seul pasteur.[1] 17C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie pour la reprendre. 18Personne ne me la ravit, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père.”

19Il s’éleva de nouveau une division parmi les Juifs à l’occasion de ce discours. 20Plusieurs d’entre eux disaient : “Il est possédé d’un démon, il a perdu le sens : Pourquoi l’écoutez-vous ?” 21D’autres disaient : “Ce ne sont pas là les paroles d’un possédé ; est-ce qu’un démon peut ouvrir les yeux des aveugles ?”

III. — L’OPPOSITION DES PHARISIENS S’ACCENTUE DAVANTAGE À L’OCCASION D’UN DISCOURS DE JÉSUS, LORS DE LA FÊTE DE LA DÉDICACE (Décembre.)
[X, 22-42.]

Occasion du discours (22-24). Jésus consubstantiel à son Père, les Juifs veulent le lapider (25-38). Jésus échappe à leurs mains et se retire au delà du Jourdain (39-42).

22On célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace ; c’était l’hiver ;[2] 23et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. 24Les Juifs l’entourèrent donc et lui dirent : “Jusques à quand tiendrez-vous notre esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ dites-le-nous franchement.” 25Jésus leur répondit : “Je vous l’ai dit, et vous ne me croyez pas : les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ; 26mais vous ne me croyez point, parce que vous n’êtes pas de mes brebis.[3] 27Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. 28Et je leur donne une vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main ; 29mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon Père.[4] 30Mon père et moi nous sommes un.”

31Les Juifs ramassèrent de nouveau[5] des pierres pour le lapider. 32Jésus leur dit : “J’ai fait devant vous beaucoup d’œuvres bonnes qui venaient de mon Père : pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous ?” 33Les Juifs lui répondirent : “Ce n’est pas pour une bonne œuvre que nous vous lapidons, mais pour un blasphème, et parce que, étant homme, vous vous faites Dieu.” 34Jésus leur répondit : “N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : vous êtes des dieux ?[6] 35Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l’Écriture ne peut être anéantie, 36comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié[7] et envoyé dans le monde : Vous blasphémez, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? 37Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. 38Mais si je les fais, lors même que vous ne voudriez pas me croire, croyez à mes œuvres : afin que vous sachiez et reconnaissiez[8] que le Père

  1. 16. J’ai encore d’autres brebis, les Gentils. — Il n’y aura plus après ma mort, qu’une bergerie : le mur de séparation entre le judaïsme et le paganisme sera renversé (Eph. ii, 14 sv. ; Col. ii, 15).
  2. 22. Cette fête se célébrait le 25 du neuvième mois, appelé Casleu (milieu de décembre). (I Mach. iv, 52-59 ; ii, 1, 18 ; x, 5-8.)
  3. 26. Après de mes brebis, plusieurs manuscrits ajoutent, comme je vous l’ai dit.
  4. 29. La Vulgate et quelques manuscrits grecs : Ce que mon Père m’a donné est plus grand que toutes choses.
  5. 31. De nouveau. Voyez viii, 59. — Le lapider comme blasphémateur. Les Juifs comprenaient donc que Jésus, par ces paroles, s’attribuait la nature divine.
  6. 34. Ps. lxxxii (héb.).
  7. 36. Sanctifié doit s’entendre ici de la consécration à la dignité messianique, d’où le nom de Saint de Dieu donné à Jésus-Christ (Marc, i, 24 ; Luc, iv, 34 ; Jean, vi, 69). N.-S. argumente du moins au plus, et se hâte d’ajouter (vers. 38) qu’il est d’ailleurs le Fils de Dieu dans le sens propre du mot, c.‑à-d. un avec le Père en substance et en nature.
  8. 38. Reconnaissiez, Vulg. et une autre leçon gr. : croyiez.