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Dieu, en se faisant baptiser du baptême de Jean, 30tandis que les Pharisiens et les Docteurs de la Loi ont annulé le dessein de Dieu à leur égard, en ne se faisant pas baptiser par lui.”

31“À qui donc, dit encore le Seigneur, comparerai-je les hommes de cette génération ? A qui sont-ils semblables ?[1] 32Ils sont semblables à des enfants assis dans la place publique, qui s’interpellent entre eux et se disent les uns aux autres : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous vous avons chanté des complaintes, et vous n’avez point pleuré. 33Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant point de pain et ne buvant point de vin, et vous dites : Il est possédé du démon. 34Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, et vous dites : C’est un homme de bonne chère et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. 35Mais la Sagesse a été justifiée par tous ses enfants.”

36Un Pharisien ayant prié Jésus de manger avec lui, il entra dans sa maison et se mit à table.[2] 37Et voici qu’une femme qui menait dans la ville une vie déréglée, ayant su qu’il était à table dans la maison du Pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum ; 38et se tenant derrière lui, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à les arroser de ses larmes et à les essuyer avec les cheveux de sa tête, et elle les baisait et les oignait de parfum. 39A cette vue, le Pharisien qui l’avait invité, dit en lui-même : “Si cet homme était prophète, il saurait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, et que c’est une pécheresse.” 40Alors prenant la parole, Jésus lui dit : “Simon, j’ai quelque chose à te dire.” — “Maître, parlez”, dit-il. — 41“Un créancier avait deux débiteurs ; l’un devait cinq cents deniers et l’autre cinquante. 42Comme ils n’avaient pas de quoi payer leur dette, il en fit grâce à tous deux. Lequel donc l’aimera davantage ?” 43Simon répondit : “Celui, je pense, auquel il a fait grâce de la plus forte somme.” Jésus lui dit : “Tu as bien jugé.” 44Et, se tournant vers la femme, il dit à Simon : “Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu n’as pas versé d’eau sur mes pieds ; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. 45Tu ne m’as point donné de baiser ; mais elle, depuis que je suis entré, elle n’a cessé de me baiser les pieds.[3] 46Tu n’as pas oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds de parfum. 47C’est pourquoi, je te le déclare, ses nombreux péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle a beaucoup aimé[4] ; mais celui à qui l’on pardonne peu, aime peu.” 48Puis il dit à la femme : “Tes péchés te sont pardonnés.”[5] 49Et ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes : “Qui est celui-ci qui remet même les péchés ?” 50Mais Jésus dit à la femme : “Ta foi t’a sauvée, va en paix.”


Ensuite Jésus cheminait par les villes et par les villages, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les Douze étaient avec lui, 2ainsi que quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits malins et de maladies : Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons ;[6] 3Jeanne, femme de Chusa, intendant d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres, qui l’assistaient de leurs biens.

4Une grande foule s’étant amassée, et des gens étant venus à lui de diverses villes, Jésus dit en parabole :[7] 5“Le semeur sortit pour répandre sa semence ; et pendant qu’il semait, une partie tomba le

  1. 31. Les mots : dit encore le Seigneur manquent dans la plupart des manuscrits.
  2. 36. Ce repas de Jésus chez Simon le Pharisien est rapporté par S. Luc sans aucune indication de temps ni de lieu. Il semble, d’après la place du récit, que ce doit être dans quelque ville de Galilée, peut-être Naïm. Ce festin ne doit pas être confondu avec celui qui eut lieu à Béthanie quelques jours avant la Passion. (Matth. xxvi, 6 ; Jean, xii, 1).
  3. 45. Vulgate : Depuis qu’elle est entrée ; la leçon du grec et de quelques manuscrits de la Vulgate porte : depuis que je suis entré. La pécheresse était donc entrée presque en même temps que le Sauveur, dont elle avait sans doute suivi, depuis quelque temps, les divins enseignements.
  4. 47. Parce qu’elle a beaucoup aimé : d’après le principe posé au vers. 43 et rappelé ici même, à la fin du verset, l’amour reconnaissant suit le bienfait et peut, par conséquent, servir à reconnaître l’existence et la grandeur de ce bienfait.
    Toutefois ce point de vue particulier n’en exclut point un autre, d’après lequel l’amour repentant est considéré comme une cause méritoire du pardon, Jean, xiv, 21. Dans le cœur même de la pécheresse, l’amour repentant et l’amour de gratitude se sont suivis de près et confondus en un seul sentiment très vif et très doux, dont les manifestations touchantes ont fait, de cette femme convertie un vivant symbole de la vraie pénitence.
  5. 48. Tes péchés te sont pardonnés : le parfait ἀφέωνται: indique un état actuel résultant d’un acte accompli depuis un temps indéterminé. Jésus lui assure en face des pharisiens le pardon dont elle est si reconnaissante.
  6. VIII. 2. Marie dite de Magdala, ou Madeleine : Le bourg de Magdala, auj. Mejdel, est situé sur le bord occidental du lac de Génésareth, à une lieue et demie au nord de Tibériade.
  7. 4. Matth. xii, 1 ; Marc, iv, 1.