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Chap. XXVII, 41.
Chap. XXVIII, 4.
ÉVANGILE SELON S. MATTHIEU.

41Les Princes des prêtres, avec les Scribes et les Anciens, le raillaient aussi et disaient : 42“Il en a sauvé d’autres, et il ne peut se sauver lui-même ; s’il est roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. 43Il s’est confié en Dieu ; si Dieu l’aime, qu’il le délivre maintenant ; car il a dit : Je suis Fils de Dieu.” 44Les brigands[1] qui étaient en croix avec lui, l’insultaient de la même manière. 45Depuis la sixième heure[2] jusqu’à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre. 46Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : “Éli, Éli, lamma sabacthani, c’est-à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ?”[3] 47Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent : “Il appelle Élie.” 48Et aussitôt[4] l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il emplit de vinaigre, et, l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui présenta à boire. 49Les autres disaient : “Laisse ; voyons si Élie viendra le sauver.” 50Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l’esprit. 51Et voilà que le voile[5] du sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, 52les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs saints, dont les corps y étaient couchés, ressuscitèrent. 53Étant sortis de leur tombeau, ils entrèrent, après la résurrection de Jésus, dans la ville sainte et apparurent à plusieurs. 54Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, voyant le tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d’une grande frayeur, et dirent : “Cet homme était vraiment Fils de Dieu.” 55Il y avait là aussi plusieurs femmes qui regardaient de loin ; elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée, pour le servir. 56Parmi elles étaient Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.

7. La sépulture (vers. 57-66).

57Sur le soir, arriva un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph, qui était aussi un disciple de Jésus. 58Il alla trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna qu’on le lui remît. 59Joseph prit le corps, l’enveloppa d’un linceul blanc, 60et le déposa dans le sépulcre neuf, qu’il avait fait tailler dans le roc pour lui-même ; puis, ayant roulé une grosse pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla. 61Or Marie-Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du sépulcre.

62Le lendemain, qui était le samedi[6], les Princes des prêtres et les Pharisiens allèrent ensemble trouver Pilate, 63et lui dirent : “Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur, lorsqu’il vivait encore, a dit : Après trois jours je ressusciterai ; 64commandez donc que son sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent dérober le corps et ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première.” 65Pilate leur répondit : “Vous avez une garde ; allez, gardez-le comme vous l’entendez.” 66Ils s’en allèrent donc et ils s’assurèrent du sépulcre en scellant la pierre et en y mettant des gardes.



B. — Jésus ressuscité.
[XXVIII.]
Les saintes femmes au tombeau ; Jésus leur apparaît (vers. 1-12). Les gardes soudoyés (13-15). Apparition en Galilée, mission des Apôtres (16-20).[7]

Après le sabbat, dès l’aube du premier jour de la semaine, Marie-Madeleine et l’autre Marie allèrent visiter le sépulcre. 2Et voilà qu’il se fit un grand tremblement de terre ; car un ange du Seigneur, étant descendu du ciel, vint rouler la pierre, et s’assit dessus. 3Son aspect ressemblait à l’éclair, et son vêtement était blanc comme la neige. 4À sa

  1. 44. Les brigands : saint Matthieu, pour abréger, s’exprime en termes généraux ; car S. Luc nous apprend (xxiii, 41 sv.) que l’un des deux se recommanda pieusement à Jésus.
  2. 45. Depuis la sixième heure, etc. : de midi à trois heures.
  3. 46. Ps. xxii (héb.) 2. Les deux premiers mots sont hébreux, le dernier araméen. Dans S. Marc (xv. 34). tout le passage est en araméen. — Jésus en appelle à Dieu, parce qu’il a confiance en lui comme l’indique la suite du Psaume, dont il se fait ici à lui même l’application. Cf. Luc, xxiii, 46.
  4. 48. Aussitôt : après que Jésus eut dit : “J’ai soif” Jean, xix, 28. — Ce vinaigre était la posca, boisson ordinaire des soldats romains, espèce de mauvais vin, ou de vinaigre mêlé d’eau.
  5. 51. Le voile étendu devant le Saint des saints. Hébr. ix, 3-8.
  6. 62. Le samedi, litt. le jour après la Préparation (du sabbat), c.‑à-d. après le vendredi.
  7. XXVIII, 1. ὀψί σαββάτων que la Vulgate traduit par Vespere sabbati, veut dire après le Sabbat, c’est-à-dire le dimanche matin d’après l’expression explicative, quæ lucescit in prima sabbati. Cf. Marc, xvi, 1 ; Luc, xxiv, 1 ; Jean, xx, 1.