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vinrent à lui et lui proposèrent cette question : 24“Maître, Moïse a dit : Si un homme meurt sans laisser d’enfant, que son frère épouse sa femme et suscite des enfants à son frère[1]. 25Or, il y avait parmi nous sept frères ; le premier prit une femme et mourut, et comme il n’avait pas d’enfant, il laissa sa femme à son frère. 26La même chose arriva au second, puis au troisième, jusqu’au septième. 27Après eux tous, la femme aussi mourut. 28Au temps de la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle la femme ? Car tous l’ont eue ?” 29Jésus leur répondit : “Vous êtes dans l’erreur, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. 30Car, à la résurrection, les hommes n’ont point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils sont comme les anges de Dieu dans le ciel. 31Quant à la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit, en ces termes : 32Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ? Or Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants.”[2]33Et le peuple, en l’écoutant, était rempli d’admiration pour sa doctrine. 34Les Pharisiens ayant appris que Jésus avait réduit au silence les Sadducéens, s’assemblèrent.[3]35Et l’un d’eux, docteur de la loi, lui demanda pour le tenter : 36“Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ?” 37Jésus lui dit : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. 38C’est là le plus grand et le premier commandement. 39Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40A ces deux commandements se rattachent toute la Loi, et les Prophètes.” 41Les Pharisiens étant assemblés, Jésus leur fit cette question :[4]42“Que vous semble du Christ ? De qui est-il fils ? “Ils lui répondirent : “De David.” — 43“Comment donc, leur dit-il, David inspiré d’en haut l’appelle-t-il Seigneur, en disant : 44Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ?[5]45Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ?” 46Nul ne pouvait rien lui répondre, et, depuis ce jour, personne n’osa plus l’interroger.



3. Chap. xxiii. Reproches aux Scribes et aux Pharisiens.

Alors Jésus, s’adressant au peuple et à ses disciples, parla ainsi :[6]2“Les Scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. 3Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’imitez pas leurs œuvres, car ils disent et ne font pas. 4Ils lient des fardeaux pesants[7] et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. 5Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes, portant de plus larges phylactères et des houppes plus longues.[8]6Ils aiment la première place dans les festins, les premiers sièges dans les synagogues, 7les salutations dans les places publiques, et à s’entendre appeler par les hommes Rabbi. 8Pour vous, ne vous faites point appeler Rabbi ; car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères. 9Et ne donnez à personne sur la terre le nom de Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. 10Qu’on ne vous appelle pas non plus Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, le Christ. 11Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. 12Mais quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. 13“Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ! Vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui y viennent. 14“Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que, sous le semblant de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves ! C’est pourquoi vous subirez une plus forte condamnation.[9]

  1. 24. Deut. xxv, 5, 6. C’est la loi du lévirat, du lat. levir, beau-frère.
  2. 32. Exod. iii, 6. Dieu a promis de combler à jamais de ses bienfaits Abraham, Isaac et Jacob : il faut donc que ces saints personnages vivent devant lui ; et s’ils vivent dans leur âme, il n’y a plus de difficulté pour que leur corps leur soit un jour rendu. Dans la théologie judaïque, comme dans la pensée des Sadducéens, ces deux choses sont étroitement liées. Comp. Marc, xii, 27 ; Luc, xx, 38.
  3. 34. Cf. Marc, xii, 28-34.
  4. 41. Cf. Marc, xii, 35-37 ; Luc, xx, 41-44.
  5. 44. Ps. cx. (hébr.).
  6. XXIII, 1. Ce discours sur la justice purement extérieure des Pharisiens est la contrepartie du Sermon sur la montagne, où sont posés les principes de la justice chrétienne et véritable.
  7. 4. Fardeaux pesants : préceptes onéreux, surcharge d’observances.
  8. 5. Interprétant à la lettre certains passages du Pentateuque, où il est recommandé d’avoir toujours la Loi devant les yeux, les Juifs en écrivaient les maximes sur de petites bandes de parchemin, qu’ils renfermaient, pliées avec soin, dans une capsule ou étui en basane ; la capsule était elle-même fixée à un cordon de cuir qu’ils s’attachaient au front et au bras gauche : c’est ce qu’on appelait phylactère, c’est-à-dire mémorial de la loi du Seigneur : sur les houppes, voy. ix, 20, note.
  9. 14. Ce verset manque dans beaucoup de manuscrits ; dans quelques-uns, il se transpose avec le verset 13. Nous le trouvons en S. Marc, xii, 40.