Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1458

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit :[1] 8Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. 9C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui ne sont que des commandements venant des hommes.”

10Puis, ayant fait approcher la foule, il leur dit : “Écoutez et comprenez. 11Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme.”[2] 12Alors ses disciples venant à lui, lui dirent : “Savez-vous que les Pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés ?” 13Il répondit : “Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste, sera arrachée. 14Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles. Or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse.” 15Pierre, prenant la parole, lui dit : “Expliquez-nous cette parabole.” 16Jésus répondit : “Êtes-vous encore, vous aussi, sans intelligence ? 17Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va au ventre, et est rejeté au lieu secret ? 18Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme. 19Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les paroles injurieuses. 20Voilà ce qui souille l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme.”

21Jésus étant parti de là, se retira du côté de Tyr et de Sidon.[3] 22Et voilà qu’une femme cananéenne, de ce pays-là, sortit en criant à haute voix : “Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David ; ma fille est cruellement tourmentée par le démon.” 23Jésus ne lui répondit pas un mot. Alors ses disciples, s’étant approchés, le prièrent en disant : “Renvoyez-la, car elle nous poursuit de ses cris.” 24Il répondit : “Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.” 25Mais cette femme vint se prosterner devant lui, en disant : “Seigneur, secourez-moi.” 26Il répondit : “Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens.” 27“Il est vrai, Seigneur, dit-elle ; mais les petits chiens mangent au moins les miettes qui tombent de la table de leur maître.”[4] 28Alors Jésus lui dit : “Ô femme, votre foi est grande : qu’il vous soit fait selon votre désir. “Et sa fille fut guérie à l’heure même.

29Jésus quitta ces lieux et vint près de la mer de Galilée[5]. Étant monté sur la montagne, il s’y assit. 30Et de grandes troupes de gens s’approchèrent de lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des sourds-muets[6], des estropiés et beaucoup d’autres malades. Ils les mirent à ses pieds, et il les guérit ; 31de sorte que la multitude était dans l’admiration, en voyant les muets parler, les estropiés guéris, les boiteux marcher, les aveugles voir, et elle glorifiait le Dieu d’Israël. 32Cependant Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : “J’ai compassion de cette foule ; car voilà déjà trois jours qu’ils restent près de moi, et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin.”[7] 33Les disciples lui dirent : “Où trouver dans un désert assez de pains pour rassasier une si grande foule ?” 34Jésus leur demanda : “Combien avez-vous de pains ? ““Sept, lui dirent-ils, et quelques petits poissons.”

35Alors il fit asseoir la foule par terre, 36prit les sept pains et les poissons, et, ayant rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et ceux-ci au peuple. 37Tous mangèrent et furent rassasiés, et des morceaux qui restaient, on emporta sept corbeilles pleines.

  1. 7. Isaïe, xxix, 13.
  2. 11. Marc, vii, 14-25. C’est dans l’homme intérieur qu’il faut chercher la raison de la sainteté ou de la malice. Prise en soi et indépendamment de tout précepte divin, la nourriture est, au point de vue moral, chose indifférente.
  3. 21. Marc, vii, 24-30.
  4. 26. Notre-Seigneur s’exprime selon la manière de parler des Juifs, qui s’appelaient eux-mêmes enfants de Dieu, et donnaient aux païens, par mépris, le nom de chiens. Ce langage est moins dur qu’il ne paraît d’abord ; cette femme savait bien qu’elle était païenne ; pour le lui dire, Jésus emploie une locution proverbiale souvent en usage alors, et cela d’une voix et d’un visage où il y avait plus de bonté que de reproche, comme la suite le fait voir.
  5. 29. Près de la mer de Galilée : sur la rive orientale, dans la Décapole, Marc, vii, 31.
  6. 30. Des sourds-muets ; entre autres, celui dont S. Marc raconte, avec détails, la guérison (vii, 32 sv.).
  7. 32. Marc, viii, 1-10.