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d’aller auparavant ensevelir mon père.” 22Mais Jésus lui répondit : “Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.”

23Il entra alors dans la barque, suivi de ses disciples.[1] 24Et voilà qu’une grande agitation se fit dans la mer, de sorte que les flots couvraient la barque : lui, cependant, dormait. 25Ses disciples venant à lui l’éveillèrent et lui dirent : “Seigneur, sauvez-nous, nous périssons !” 26Jésus leur dit : “Pourquoi craignez-vous, hommes de peu de foi ? “Alors il se leva, commanda aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme. 27Et saisis d’admiration, tous disaient : “Quel est celui-ci, que les vents même et la mer lui obéissent ?”

28Jésus ayant abordé de l’autre côté du lac, dans le pays des Géraséniens[2], deux démoniaques sortirent des sépulcres et s’avancèrent vers lui ; ils étaient si furieux, que personne n’osait passer par ce chemin. 29Et ils se mirent à crier : “Qu’avons-nous à faire avec vous, Jésus, Fils de Dieu ? Êtes-vous venu ici pour nous tourmenter avant le temps ?”[3] 30Or il y avait, à quelque distance, un nombreux troupeau de porcs qui paissaient. 31Et les démons firent à Jésus cette prière : “Si vous nous chassez d’ici, envoyez-nous dans ce troupeau de porcs.” 32Il leur dit : “Allez. “Ils sortirent du corps des possédés, et entrèrent dans les pourceaux. Au même instant, tout le troupeau prenant sa course se précipita par les pentes escarpées dans la mer, et ils périrent dans les eaux. 33Les gardiens s’enfuirent, et ils vinrent dans la ville, où ils racontèrent toutes ces choses et ce qui était arrivé aux démoniaques. 34Aussitôt toute la ville sortit au-devant de Jésus, et dès qu’ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur territoire.



Jésus étant donc monté dans la barque, repassa le lac et vint dans sa ville.[4] 2Et voilà qu’on lui présenta un paralytique, étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : “Mon fils, aie confiance, tes péchés te sont remis.” 3Aussitôt quelques Scribes dirent en eux-mêmes : “Cet homme blasphème.” 4Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : “Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs ? 5Lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ? 6Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison.” 7Et il se leva, et s’en alla dans sa maison. 8La multitude voyant ce prodige fut saisie de crainte, et rendit gloire à Dieu, qui avait donné une telle puissance aux hommes.

9Étant parti de là, Jésus vit un homme, nommé Matthieu, assis au bureau de péage, et il lui dit : “Suis-moi.” Celui-ci se leva, et le suivit.[5] 10Or il arriva que Jésus étant à table dans la maison de Matthieu, un grand nombre de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. 11Ce que voyant, les Pharisiens dirent à ses disciples : “Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?” 12Jésus, entendant cela, leur dit : “Ce ne sont point les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. 13Allez apprendre ce que signifie cette parole : Je veux[6] la miséricorde et non le sacrifice. Car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.”

14Alors les disciples de Jean vinrent le trouver, et lui dirent : “Pourquoi, tandis que les Pharisiens et nous, nous jeûnons souvent, vos disciples ne jeûnent-ils pas ?” 15Jésus leur répondit : “Les amis de l’époux[7] peuvent-ils s’attrister pendant que l’époux est avec eux ? Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. 16Personne ne met une pièce d’étoffe[8] neuve à un vieux vêtement ; car elle emporte quelque chose du vêtement, et la déchirure en est pire. 17On ne met pas non plus du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, les outres se rompent, le vin

  1. 23. Marc, iv, 35-40 ; Luc, viii, 22-25.
  2. 28. Géraséniens : ce nom est écrit diversement dans les manuscrits grecs : Gergéséniens, Géraséniens, Gadaréniens.
  3. 29. Mot à mot : Qu’y a-t-il à nous et à toi ? Cet hébraïsme, qui se rencontre une dizaine de fois dans l’A. et le N. Testament, a le sens général de soyez tranquilles, laissez-nous tranquilles, avec la nuance et l’accent particulier qu’y mêle la bienveillance ou le mécontentement. Au passage parallèle, S. Luc, iv, 34, donne à cette expression hébraïque son équivalent grec Ἔα, laissa.
  4. IX, 1. Marc, ii, 1-12 ; Luc, v, 17-26. Sa ville, Capharnaüm, où il faisait sa résidence ordinaire.
  5. 9. Marc, ii, 13-22 ; Luc, v, 27-39.
  6. 13. Je veux (Osée, vi, 6) : cette parole, d’après l’usage de la langue hébraïque, signifie : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice.
  7. 15. Les amis de l’époux ou du fiancé (litt. les fils de la chambre nuptiale), ses compagnons, les paranymphes, comme les Grecs les appelaient.
  8. 16. Étoffe neuve, en grec, non foulée, non assouplie par le travail du foulon ou par l’usage.