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lui sera livrée. 12Devant la multitude levée contre lui, son courage s’élèvera ; il en fera tomber des milliers, mais il n’en sera pas plus fort.[1] 13Car le roi du Septentrion rassemblera de nouveau des troupes plus nombreuses que les premières et, au bout d’un certain nombre d’années, il se mettra en marche avec une grande armée et un train considérable.[2] 14En ces temps-là beaucoup de gens[3] s’élèveront contre le roi du Midi, et des hommes violents de ton peuple se lèveront pour accomplir la vision, et ils tomberont. 15Le roi du Septentrion viendra, il élèvera des terrasses et prendra une ville fortifiée[4] ; les bras du Midi ne tiendront pas, non plus que sa troupe d’élite ; il n’y aura pas de force pour résister. 16Celui qui aura marché contre lui fera ce qui lui plaira, et personne ne tiendra devant lui ; il s’arrêtera dans le glorieux pays[5], et la destruction sera dans sa main. 17Il se décidera à venir avec la force de tout son royaume et il fera un arrangement avec lui ; et il lui donnera une jeune fille pour amener sa ruine ; mais cela ne réussira pas, et ce royaume ne sera point à lui.[6] 18Puis il se tournera vers les îles et en prendra beaucoup ; mais un capitaine lui fera cesser son injure et, sans avoir reçu son injure, il la lui rendra.[7] 19Il se tournera vers les forteresses de son pays ; mais il trébuchera, il tombera, et on ne le trouvera plus.[8]

20Un autre[9] se tiendra à sa place, qui fera passer un exacteur dans le lieu qui est la gloire du royaume, et en quelques jours il sera brisé, et ce ne sera ni par la colère ni par la guerre.

21À sa place se tiendra un homme méprisé[10], à qui on n’aura pas donné la dignité royale ; il viendra sans bruit et s’emparera de la royauté par des intrigues.

22Les forces[11] de l’inondation seront submergées devant lui et seront brisées, et aussi le chef de l’alliance. 23Sans tenir compte de l’alliance conclue avec lui, il agira de ruse, il se mettra en marche et aura le dessus avec peu de gens.[12] 24Il viendra sans bruit dans les plus riches provinces du pays ; il fera ce que n’avaient pas fait ses pères, ni les pères de ses pères, il leur distribuera butin, dépouilles et richesses, et il formera des

  1. — Le sens général de ce vers., et du vers. 12, qui le complète, est assez clair. Mais on peut hésiter, dans 11b, 12, sur les sujets (Antiochus ou Ptolemée) à donner à certains verbes.
  2. 13. Quatorze ans après la bataille de Raphia, Antiochus III tourna de nouveau ses armes contre l’Égypte, qui avait alors pour roi un enfant de cinq ans, Ptolémée Epiphane, et reconquit toutes les provinces qu’il avait perdues.
  3. 14. Beaucoup de gens : entre autres en Judée.
  4. 15. Une ville fortifiée, Sidon, que défendait le général égyptien Scopas. Il se vit contraint par la famine de la rendre aux Syriens (198 av. J.-C.).
  5. 16. Fera ce qui lui plaira : la puissance d’Antiochus le Grand atteignit alors son apogée. — Le glorieux pays : litt., le pays du joyau ; comp. viii, 9.
  6. 17. Antiochus eut quelque temps la pensée de poursuivre ses succès contre l’Égypte. Mais il renonça à ce dessein, sans doute par crainte des Romains, et il eut recours à la ruse. Il conclut la paix à la condition que sa fille Cléopâtre épouserait le jeune Ptolémée. Il espérait avoir ainsi un pied en Égypte ; mais Cléopâtre, en prenant parti pour son mari plutôt que pour son Père, fit tout manquer. — Il se décidera ; litt., il tournera sa face pour venir. — Un arrangement avec lui, avec le roi du Midi. — Pour amener sa ruine, du royaume du midi.
  7. 18. Il se tournera, litt. il tournera sa face. De même vers. 19. — Les îles : non seulement les îles proprement dites, mais encore les côtes de l’Asie Mineure, et même la Macédoine. — Un capitaine, le général romain L. Scipion l’Asiatique, défit complètement Antiochus à la bataille de Magnésie (190 av. J.-C.), et l’obligea à se retirer dans les forteresses de son royaume. Et sans avoir reçu etc. Ou bien : même il lui rendra son injure.
  8. 19. Afin de se procurer l’argent nécessaire pour acquitter le tribut que les Romains lui avaient imposé, Anthiochus entreprit de dépouiller un temple de Bélus en Elymaïde ; mais il fut massacré, lui et ses soldats, par une poignée d’hommes indignés de son sacrilège.
  9. 20. Un autre, son fils aîné et successeur, Séleucus IV Philopator, qui envoya Héliodore, l’un de ses ministres, à Jérusalem, la gloire du royaume (comp. vers 15.) pour piller le trésor du temple : voy. II Mach. iii. Il périt en quelques jours, après douze ans de règne, empoisonné par Héliodore.
  10. 21. Un homme méprisé, Antiochus IV Epiphane, frère de Séleucus Philopator, méprisé à cause de son caractère rusé et hypocrite. — Par des intrigues : la couronne appartenait à son neveu Démétrius, fils de Séleucus.
  11. 22. Les forces ; litt., les bras, les armées du roi d’Égypte Ptolémée VI Philométor, neveu d’Antiochus ; il s’était mis en campagne pour réclamer la dot de sa mère Cléopâtre (sœur d’Antiochus), qui n’avait pas été payée : mais il fut battu et fait prisonnier à Péluse. — Le chef de l’alliance, très probablement le grand prêtre Onias III, qui, en l’année 172, fut injustement destitué par Antiochus, victime des intrigues de son frère Jason ou Josué, qui se fit donner le souverain pontificat à sa place.
  12. 23, 24. Première campagne d’Antiochus en Égypte (173 av. J.-C.). En dépit des traités de paix, et feignant de l’amitié pour le jeune Philométor, son neveu Antiochus entra en Égypte avec une armée peu nombreuse, occupa la Basse-Égypte, province riche et fertile, et, ce que n’avaient jamais fait ses pères toujours à court d’argent, il distribua de grandes largesses à ses partisans.