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guerre aux Saints et l’emportait sur eux, 22jusqu’à ce que le vieillard vint, que le jugement fut donné aux Saints du Très Haut, et que le temps arriva où les Saints possédèrent le royaume. 23Il me parla ainsi : “La quatrième bête, c’est un quatrième royaume qui sera sur la terre, différent de tous les royaumes, et qui dévorera toute la terre, la foulera et la réduira en poudre. 24Les dix cornes signifient que de ce royaume se lèveront dix rois ; un autre se lèvera après eux, qui différera des précédents, et il abattra trois rois. 25Il proférera des paroles contre le Très-Haut, il opprimera les Saints du Très-Haut, et formera le dessein de changer les temps et la loi, et les Saints seront livrés en sa main jusqu’à un temps, des temps et une moitié de temps[1]. 26Et le jugement se tiendra[2], et on lui ôtera sa domination pour le détruire et l’anéantir pour toujours. 27Et le règne, la domination et la grandeur des royaumes qui sont sous tous les cieux seront donnés au peuple des Saints du Très-Haut ; son règne est un règne éternel, et toutes les puissances le serviront et lui obéiront.”

28Voilà la fin du discours. Moi, Daniel, mes pensées m’effrayèrent beaucoup, je changeai de couleur ; mais je conservai la chose dans mon cœur.


2. Chap, viii, 1-27 : Le bélier et le bouc.[3]Vision (viii, 1, 2) ; le bélier (viii, 3, 4) ; le bouc (viii, 5-8); la petite corne et ses méfaits (viii, 9-14). Interprétation : les deux empires médo-perse et grec (vii, 15-22) ; le roi au dur visage, oppresseur d’Israël (viii, 23-27).

La troisième année du règne du roi Baltasar, une vision m’apparut, à moi Daniel, après celle qui m’était apparue auparavant. 2Et je vis dans la vision ; et il arriva, comme je regardais, que je me trouvais à Suse, la forteresse qui est dans la province d’Elam, et je vis dans la vision, et j’étais près du fleuve Oulaï. 3Je levai les yeux et je vis : et voici qu’un bélier[4] se tenait devant le fleuve ; il avait deux cornes ; les deux cornes étaient hautes, mais l’une était plus haute que l’autre, et la plus haute s’élevait la dernière. 4Je vis le bélier heurtant de ses cornes vers l’occident[5], vers le septentrion et vers le midi ; aucune bête ne tenait devant lui, et personne ne délivrait de sa main ; il faisait ce qu’il voulait et grandissait.

5Et moi, je considérais avec attention, et voici qu’un jeune bouc[6] venait de l’occident sur la face de toute la terre, sans toucher la terre, et le bouc avait entre les yeux une corne très apparente. 6Il arriva jusqu’au bélier aux deux cornes, que j’avais vu se tenant devant le fleuve, et il courut contre lui dans l’ardeur de sa force. 7Je le vis s’approcher du bélier ; s’irritant contre lui, il frappa le bélier et lui brisa les deux cornes, sans que le bélier eut la force de se tenir devant lui ; il le jeta par terre et le foula aux pieds, et personne ne délivrait le bélier de sa main. 8Le jeune bouc grandit extrêmement et, quand il fut devenu fort, la grande corne se brisa, et je vis quatre cornes s’élever à sa place vers les quatre vents du ciel[7].

  1. 25. Les temps et la loi, les observances religieuses et les ordonnances de la Loi. — Un temps, des (deux) temps, une moitié de temps : c.-à-d. trois temps et demi, la moitié du chiffre sept, qui représente une totalité complète. Une persécution de trois ans et demi est une calamité dont l’auteur ne réussira qu’à moitié dans ses projets, et que la main de Dieu arrêtera tout à coup au milieu de son cours. — D’autres exégètes appliquent ces chiffres à la persécution d’Antiochus qui dura environ trois ans et demi, depuis la mission d’Apollonius à Jérusalem (Juin 168) jusqu’à la nouvelle dédicace du Temple (Décembre 165).
  2. 26. Et le jugement se tiendra ; litt., s’assiéra. Ce qui a été traduit, vers. 10b, le juge s’assit.
  3. VIII, 1. La vision relatée dans ce chap. se rattache étroitement à la vision du chap. précédent, qu’elle développe et éclaire : entre les deux se place un intervalle de deux ans à peu près. — À partir de ce chap, jusqu’à la fin de la partie protocanonique, l’hébreu remplace le chaldéen.
  4. 3. Un bélier, la puissance médo-perse. — La corne la plus haute représentait les Perses qui, après avoir été longtemps subordonnés aux Mèdes, acquirent la prépondérance.
  5. 4. Heurtant de ses cornes etc. Ces trois attaques correspondent aux trois côtes dans la gueule de l’ours, au chap, vii, 5. Les Perses conquirent à l’occident la Babylonie et la Lydie, au nord l’Arménie et la Bactriane, au midi la Syrie et l’Égypte.
  6. 5. Un jeune bouc, la puissance grecque (vers. 21), représentée par Alexandre le Grand, franchissant comme au vol toute l’étendue de pays qui sépare la Grèce de la Perse. Comp. les quatre ailes du léopard, vii, 6.
  7. 8. Mort subite d’Alexandre le Grand au milieu de ses conquêtes, et partage de son empire en quatre monarchies (301 av. J. C.). — Et je vis etc. ; m. à m., et montèrent (?) une vision de quatre à sa place.