Page:La Sainte Bible, trad. Segond.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais ceux qui sont au courant du mouvement de la science et des progrès de la philologie sacrée n’éprouveront à cet égard aucun étonnement pénible. Il y avait dans les versions antérieures des inexactitudes à faire disparaître, signalées par les hommes les plus compétents de toutes les nuances théologiques : aussi n’est-ce en aucune façon le désir d’innover qui a poussé le traducteur à sortir de la voie traditionnelle, il s’y est vu contraint par un sentiment de fidélité. Observons, en outre, que les changements adoptés ne sont pas tous des rectifications d’erreurs incontestables. Il en est qui doivent être attribués à une simple préférence entre deux ou plusieurs interprétations possibles, dont l’une a paru réunir en sa faveur la plus grande somme de probabilités. On comprend qu’il s’agit ici de ces difficultés tenant à l’état matériel du texte, ou à d’autres circonstances propres à exercer la sagacité des linguistes et à les conduire à des résultats différents.

À tout ce qui précède nous avons hâte maintenant d’ajouter une réflexion. Si la vérité nous a imposé le devoir de parler en toute franchise, nous ne voudrions point par là ébranler outre mesure la confiance que bien des personnes pieuses ont conservée jusqu’à ce jour pour nos anciennes versions, qui ont nourri la foi et le sentiment religieux de plusieurs générations. Les divergences, si nombreuses qu’elles soient pour le style et même pour le fond des choses, portent la plupart sur des points secondaires ; et, dans les cas où elles ont une réelle importance, elles ne sont pas de nature à effrayer les consciences et à faire chanceler la foi. Tout lecteur bien disposé trouve et trouvera toujours dans la Parole sainte, plus ou moins correctement exprimée, l’aliment spirituel qui lui suffit, et n’aura pas de peine à reconnaître les vues miséricordieuses de l’Éternel, se manifestant à travers les âges pour le salut de l’humanité pécheresse.

Que Dieu, le souverain Pasteur des âmes, qui dirige tous les événements, accorde à notre œuvre, si telle est sa volonté, une part d’influence pour l’avancement de son règne !


Genève, 31 octobre 1873.
LOUIS SEGOND