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16.

Dernière entrevue du roi Harald et de Thorolf à Thrandheim.

Pendant l’été Thorolf se rendit dans le Sud, à Thrandheim, pour voir le roi Harald. Il emmena avec lui le trésor tout entier, beaucoup d’autre argent et quatre-vingt-dix hommes, tous bien armés. À leur arrivée à la cour, on leur assigna des places dans la salle des étrangers et on les traita avec les plus grands honneurs. Le lendemain, Ölvir Hnufa alla voir Thorolf, son parent. Ils causèrent ensemble, et Ölvir dit à Thorolf qu’on le vilipendạit fort et que le roi prêtait l’oreille à de pareils racontars. Thorolf pria Ölvir de défendre sa cause auprès du roi, « car », dit-il, « je serai bref dans mon langage[1], si le roi prête l’oreille aux calomnies de gens mal intentionnés, plutôt que de se fier à ma véracité et à ma franchise que je saurai lui prouver ».

Le lendemain Ölvir vint retrouver Thorolf pour lui dire qu’il avait entretenu le roi de cette affaire. « Je ne suis pas mieux renseigné qu’auparavant », dit-il, « sur ce qu’il médite de faire ». « Alors, » reprit Thorolf, « je vais aller le voir moi-même ».

C’est ce qu’il fit. Il se présenta chez le roi qui prenait son repas. En entrant, il le salua. Le roi lui rendit son salut et lui fit verser à boire. Thorolf dit qu’il apportait le tribut dû au roi et provenant du Finnmörk. « Et j’ai, ô roi, quelque chose de plus important à vous confier en souvenir de mon amitié pour vous : je vous assure que tout ce que j’ai fait pour mériter votre reconnaissance, je l’ai fait au mieux de vos intérêts. » Le roi répondit que de la part de Thorolf il ne pouvait s’attendre qu’à du bien ; « car », ajouta-t-il, « je n’ai pas mérité autre chose, et cependant les gens interprètent différemment le soin que tu prends de m’être agréable ». « Ils ne me jugent pas selon la vérité, » reprit Thorolf, « ceux qui prétendent que je nourris à votre égard des desseins perfides, ô roi ; je pense qu’ils sont moins que moi vos amis, ceux qui vous ont rapporté des faits

  1. Thorolf n’entend pas s’humilier pour justifier longuement son attitude et pour se défendre contre ses calomniateurs.