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rapportés ; car il n’y a là aucune raison pour le convaincre. Pourquoi le trahirais-je ? Il m’a fait énormément de bien en maintes circonstances ; il ne m’a causé du mal en aucune façon. Je suis d’autant plus éloigné d’agir en traître à son égard, si même, j’en avais l’occasion, que je préférerais de beaucoup être son vassal, que de porter le titre de roi, à supposer que j’aie dans le pays un compatriote qui puisse à son gré faire de moi son domestique.

15.

Les fils de Hildirid renouvellent leurs calomnies.

Les fils de Hildirid étaient allés pendant cet hiver rendre visite au roi Harald. Ils avaient emmené des personnes de leur maison et des voisins. Les deux frères eurent de très fréquents entretiens avec le roi et ils lui tenaient toujours le même langage au sujet de Thorolf. Harek demanda : « Vous a-t-il plu, ô roi, le trésor de Finlande que Thorolf vous a envoyé ? » « Beaucoup, » dit le roi. Harek reprit : « Vous en auriez été émerveillé, si l’on vous avait remis tout le trésor, tel qu’il vous revenait ! Or, il est loin d’en être ainsi. Elle est bien plus grande, la part que Thorolf s’est appropriée. Il vous a envoyé en cadeau trois peaux de castor, et je sais pertinemment qu’il s’en est réservé trente qui vous étaient dues. Je pense qu’il a agi de même concernant les autres objets. Il est certain, ô roi, que si vous nous confériez cette charge, à mon frère et à moi, nous vous rapporterions des valeurs plus considérables. » Tout ce qu’ils racontaient à propos de Thorolf fut corroboré par le témoignage de leurs compagnons de route. Il en résulta que, derechef, le roi entra dans une violente colère.