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C’est la coutume, en effet, chez ceux qui entreprennent de longues randonnées, de prendre avec eux des cordes de réserve, pour le cas où il y aurait quelque réparation à faire au harnais. Il prit une large pierre plate et se la posa sur la poitrine et le ventre ; ensuite, il la fixa solidement au moyen de la corde, dont il s’enroula entièrement en la faisant monter jusqu’aux épaules.

Alors Egil dit : … (la strophe est perdue.)

La forêt d’Eid présente l’aspect que voici : Une plantation touffue s’étend sur les deux flancs de la métairie ; au milieu, il y a de vastes espaces couverts de maigres broussailles et de menu bois ; certains endroits sont absolument dépourvus de végétation. Egil et ses amis prirent le chemin le plus court, celui qui menait par-dessus les hauteurs. Tous avaient leurs boucliers, leurs casques et leurs armes d’estoc et de taille. Egil marchait en tête. Parvenus au sommet de la colline, ils remarquèrent que le bas était couvert de bois, mais qu’en haut, au bord du précipice, il n’y avait pas d’arbres. Dès qu’ils se furent engagés dans le défilé, voilà que sept hommes surgirent de la forêt, remontèrent le ravin à leur poursuite et tirèrent sur eux. Les hommes d’Egil firent volte-face et se placèrent de front en travers du passage. Au même moment, d’autres individus se précipitèrent sur eux du haut de l’escarpement et de là les assaillirent à coups de pierres. La situation devenait beaucoup plus périlleuse pour eux.

Egil dit alors : « Rebroussez chemin, rentrez dans la gorge, et abritez-vous comme vous pouvez ; moi, je vais essayer d’escalader le rocher. »

C’est ce qu’on fit. Arrivé sur la hauteur dominant le défilé, Egil vit se dresser devant ses regards huit hommes, qui tous à la fois coururent sur lui et l’attaquèrent. Pour ne pas énumérer les coups qui furent échangés en cet endroit, disons qu’Egil finit par abattre tous les assaillants. Ensuite, il s’avança jusqu’au bord de l’escarpement et lança des pierres d’en haut, et rien ne lui résista. Trois des gens du Vermaland y trouvèrent la mort ; quatre se sauvèrent dans la forêt, blessés et mutilés. Sur ces faits, Egil et ses amis prirent leurs chevaux et poursuivirent leur marche en avant jusqu’à ce qu’ils eussent franchi la colline. Les rares ennemis qui avaient échappé rapportèrent, à ceux de leurs camarades qui se tenaient près des marécages, ce qui venait de