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74.

Egil chez le jarl Arnvid. Celui-ci lui remet le tribut et lui dresse une embuscade.

Dès la première heure du matin, Egil s’apprêta à partir avec ses compagnons de voyage. En prenant congé d’Alf, il lui remit une fourrure. Alf accepta le cadeau avec reconnaissance en disant : « Avec cela, je peux me faire confectionner un vêtement fourré. » Il invita Egil à revenir le voir quand il repasserait. Ils se quittèrent en amis. Egil continua son chemin et, dans la soirée, il arriva dans l’enclos du jarl Arnvid, qui lui réserva un excellent accueil. À ses compagnons, on assigna des places à côté du siège d’honneur. Après y avoir séjourné une nuit, Egil fit connaître au jarl la mission qui les amenait, et lui communiqua le message du roi de Norvège, disant que le roi désirait recevoir tout le tribut du Vermaland qui n’avait plus été acquitté depuis le jour où Arnvid avait été chargé d’administrer la région. Le jarl prétendit qu’il avait livré le tribut intégralement et qu’il l’avait remis entre les mains des envoyés du roi. « Toutefois, j’ignore ce qu’ils en ont fait dans la suite, s’ils l’ont transmis au roi ou bien s’ils ont quitté le pays en l’emportant avec eux ; mais puisque vous êtes porteurs d’attestations dignes de foi, prouvant que vous êtes envoyés du roi, je fournirai tout le tribut auquel il a droit, et je le remettrai entre vos mains ; toutefois je ne veux nullement être responsable ensuite de l’usage que vous en ferez. »

Egil et ses amis demeurèrent quelque temps chez le jarl. Avant leur départ, celui-ci leur remit le tribut, partie en argent, partie en fourrures grises. Les apprêts terminés, ils prirent le chemin du retour. Au moment de prendre congé du jarl, Egil lui dit : « Nous allons maintenant porter au roi ce tribut que nous venons de recevoir ; mais il faut que vous sachiez, jarl, que cette somme est de beaucoup inférieure à celle que le roi pense obtenir ici ; et là-dedans n’est pas encore compris ce que, dans son idée, vous avez à lui payer comme compensation pour ses messagers que vous auriez fait périr, à en croire les bruits qui courent. »

Arnvid prétendit que ce n’était pas vrai. Sur ces mots, ils se quittèrent.