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C’était une magnifique propriété. Là habitait un vassal du nom de Fridgeir ; il était jeune encore et venait de recueillir l’héritage paternel. Sa mère s’appelait Gyda ; elle était la sœur du hersir Arinbjörn ; c’était une femme de grande distinction et de qualités éminentes. Elle administrait les biens avec son fils Fridgeir ; ils y possédaient en commun une importante exploitation. Egil et ses camarades reçurent chez eux un accueil des plus bienveillant. Au soir, Egil prit place tout à côté de Fridgeir ; ses compagnons étaient assis un peu plus loin. On y but copieusement et le festin fut splendide. Dans la soirée, Gyda, la maîtresse de maison, entama une conversation avec Egil et s’enquit au sujet d’Arinbjörn, son frère, et de plusieurs autres de ses parents et amis qui avaient fait avec Arinbjörn le voyage d’Angleterre. Egil lui raconta ce qu’elle voulait savoir. Elle demanda ce qui s’était passé au cours de l’expédition, et Egil en fit un récit très circonstancié. Ensuite il dit :

J’ai pris en aversion
La méchante colère de ce prince ambitieux[1].
Le coucou ne se pose pas là où il sait
Qu’il est épié par le chien.
Là m’est encore venue à point, comme maintes fois,
L’assistance d’Arinbjörn.
Il ne succombe pas facilement, celui
Qui, en voyage, possède de solides appuis.

Egil fut de très joyeuse humeur durant la soirée, tandis que Fridgeir et les gens de sa maison étaient plutôt taciturnes. Egil remarqua là une jeune fille belle et bien mise. On lui apprit que c’était la seur de Fridgeir. La jeune fille était triste et ne cessait de pleurer, ce qui intriguait les étrangers. La soirée se passa. Le lendemain matin, le temps était orageux et l’on ne pouvait pas prendre la mer. Il fallait, pour quitter l’île, attendre un moment propice. Alors Fridgeir et Gyda allèrent ensemble trouver Egil pour lui proposer de rester chez eux, avec ses compagnons de voyage, jusqu’à ce que le temps devînt favorable pour se mettre en route, offrant de leur procurer sur les lieux mêmes ce qu’il leur fallait en fait d’approvisionnements. Egil accepta. Ils séjour-

  1. Eirik.