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et le salua. Celui-ci lui rendit le salut et demanda ce qu’il voulait.

Arinbjörn dit : « J’amène un homme qui a fait un long chemin pour vous rendre visite et se réconcilier avec vous. C’est pour vous un grand honneur, seigneur, que vos ennemis, de leur plein gré, viennent de pays étrangers, ne pouvant se résoudre à supporter votre courroux, alors même que vous résidez loin d’eux. Agissez donc à l’égard de cette personne comme il sied à un gentilhomme ; ne lui refusez pas une bienveillante réconciliation, attendu qu’il vous a fait l’honneur si grand — on peut le constater — de franchir de vastes mers et d’accomplir un périlleux voyage loin de sa patrie et de ses propriétés. Nulle nécessité ne l’a poussé à se mettre en route, si ce n’est ses bonnes intentions à votre égard. »

En ce moment, le roi, se retournant, aperçut Egil qui dépassait les autres de la tête ; il le fixa du regard et dit : « Comment as-tu eu l’audace, Egil, d’oser te présenter devant moi ? La dernière fois, tu es parti d’ici dans des conditions telles que tu n’avais guère à espérer que je te fasse grâce. »

Alors Egil s’avança vers la table, se jeta aux pieds du roi et dit :

Je suis venu par le long chemin des flots,
Sur le bateau qui croise en mer,
Pour rendre visite au souverain
De la terre anglaise.
Aujourd’hui l’infatigable guerrier,
Mû par une hardiesse peu ordinaire,
A trouvé le valeureux parent lui-même
De la famille de Harald.

Le roi Eirik dit : « Je n’ai pas besoin d’énumérer les méfaits que tu as commis ; ils sont tellement nombreux et graves que chacun d’eux pris à part offre un motif suffisant pour que je ne te laisses pas t’en aller d’ici vivant. Tu n’as rien d’autre à espérer que de mourir en ces lieux. Sache avant tout que tu n’obtiendras de moi aucune réconciliation. »

Alors Egil dit : … (strophe perdue.)

Gunnhild prit la parole : « Pourquoi ne pas faire périr Egil tout de suite ? Ne te rappelles-tu donc pas, ô roi, ce qu’il a fait ?