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s’empara de la lance et se précipita au-devant de Bergönund qui, à cette vue, accéléra sa course en présentant prestement le bouclier. Avant de prendre contact, ils jetèrent la lance l’un contre l’autre. Egil se couvrit de son bouclier en l’inclinant de manière que l’arme glissa dessus et s’enfonça dans le sol. Mais sa propre lance frappa au centre le bouclier de son adversaire, pénétra au travers de toute la longueur de la lame et resta plantée dedans. Pour Önund, le bouclier devenait lourd à porter. Egil alors mit prestement la main à la poignée de son épée. Önund aussi se disposa à tirer la sienne. Il ne l’avait pas tirée à mi-longueur qu’Egil lui porta un coup qui le jeta par terre. Resaisissant vivement son épée, il s’acharna sur Önund et faillit lui trancher la tête. Là-dessus, il retira la lance hors du bouclier. Hadd et Frodi, voyant Önund couché par terre, accoururent. Egil se porta à leur rencontre. Jetant sa lance sur Frodi, il lui transperça le bouclier et la poitrine. La pointe sortit par le dos et Frodi aussitôt tomba mort à la renverse. Alors Egil saisit son épée et se précipita sur Hadd qui tomba avant qu’ils eussent échangé des coups nombreux.

Arrivèrent ensuite les domestiques à qui Egil dit : « Veillez ici sur votre maître Önund et sur ses amis, de crainte que les bêtes sauvages ou les oiseaux ne déchirent leurs cadavres. »

Egil poursuivit son chemin. Il marchait depuis peu, lorsqu’il vit onze de ses camarades venir à sa rencontre — six gardaient le bateau — lui demandant ce qu’il venait de faire. Il répondit :

Trop longtemps j’ai supporté le tort qui m’est fait —
Autrefois cependant,
Je défendais plus énergiquement
Mes biens contre cet homme —
Avant de causer à Bergönund
Les blessures dont il est mort.
J’ai arrosé la terre
Du sang de Hadd et de Frodi.

« Retournons maintenant à la ferme, » continua-t-il, « conduisons-nous en hommes de guerre, tuons tous ceux que nous saisissons et emportons tout ce dont nous pouvons nous emparer. »

Ils dirigèrent donc leurs pas vers la ferme, firent irruption dans l’habitation et y tuèrent quinze ou seize hommes. Quelques