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travers le détroit. Arrivés dans les eaux du Sogn, ils aperçurent la troupe d’Arinbjörn pénétrant avec le « long bateau » dans le Saudungssund. Le roi se dirigea de ce côté et y rencontra le vaisseau d’Arinbjörn. Il s’en approcha aussitôt et, interpellant les navigateurs, il leur demanda si Egil se trouvait à bord.

Arinbjörn répondit : « Il n’est pas sur mon bateau. D’ailleurs, ô roi, vous pourrez le constater tout de suite ; il n’y a ici à bord que des personnes que vous devez connaître. Il ne se cache pas non plus dans le fond, sous les planches, et vous auriez beau le chercher. »

Le roi demanda à Arinbjörn ce qu’il avait appris en dernier lieu concernant Egil. Il lui répondit que celui-ci se trouvait sur un « scute » avec trente hommes et qu’il faisait route avec eux dans la direction de Steinsund.

Les gens du roi avaient remarqué que de nombreux vaisseaux se dirigeaient vers le Steinsund. Le roi leur ordonna de pénétrer dans le détroit même pour se porter ainsi à la rencontre d’Egil.

Il y avait, faisant partie de la suite du roi, un homme du nom de Ketil. Il dirigeait la navigation du bateau que le roi commandait en personne. Ketil était de grande taille et avait un bel extérieur. Il était proche parent du roi, et l’on prétendait généralement que les deux se ressemblaient. Egil, avant son départ pour le thing, avait fait mettre à flot et charger de marchandises son bateau de commerce. Maintenant, il se rendait à l’endroit où son bateau se trouvait amarré et monta à bord avec ses hommes. Quant au « scute », au moyen d’une perche, ils l’amenèrent entre le rivage et le bateau et posèrent les rames dans les chevilles. Or, le lendemain, à la première heure du jour, les gens qui étaient de garde remarquèrent de grands vaisseaux qui faisaient route dans leur direction. Egil, à cette nouvelle, se leva ; il se rendit compte aussitôt qu’on venait les attaquer. Il y avait là six « longs bateaux » qui s’avançaient sur eux. Egil, alors, ordonna de sauter tous dans le « scute ». Il y transporta les deux coffres que le roi Adalstein lui avait confiés et dont il ne se séparait jamais. Ils se lancèrent dans l’embarcation, s’armèrent à la hâte et s’avancèrent à coups de rames entre le rivage et un des voiliers ennemis, celui qui passait le plus près de la