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et le jour arriva où l’on se rendit au Gulathing[1]. Arinbjörn se présenta à l’assemblée avec une escorte très nombreuse. Egil avait fait route avec lui.

Procès d’Egil au Gulathing[2].

Le roi Eirik était venu au Gulathing en nombreuse compagnie. Dans son entourage, il y avait Bergönund et ses frères, avec une foule d’amis. Au moment où la discussion allait s’ouvrir, les deux parties adverses s’avancèrent vers la place où siégeait le tribunal, en vue de produire leurs preuves. Önund tenait un langage très arrogant. L’endroit où se trouvait établi le tribunal était une plaine unie délimitée par des piquets de noisetier fixés dans le sol[3]  ; à l’extérieur, tout autour, courait un cordon de harts. Cette clôture s’appelait « Vebönd[4] ». Dans l’enceinte même étaient assis les juges. Il y en avait douze des Firdir, douze du Sogn et douze du Hördaland. Ces trois douzaines d’hommes devaient juger le procès. Arinbjörn désigna les juges à choisir dans les Firdir, et Thord d’Aurland[5] ceux que l’on devait

  1. Le nom de Gulathing (assemblée ou tribunal de Gula) s’appliquait à une des quatre grandes circonscriptions judiciaires de Norvège. Sa juridiction s’étendait sur les Firdir (Firdafylki), les Fjalir, le Sogn et les deux Hördaland, englobant approximativement le territoire des districts de Bergen, Kristianssund, Hallingdal et Valders. Le tribunal siégeait dans la petite île de Gula ; de là son nom. Il était constitué par trois douzaines de juges choisis, dans des proportions déterminées, parmi les hommes libres de chacune des régions susmentionnées. Ce comité de trente-six hommes exerçait à la fois les pouvoirs législatif et judiciaire et se prononçait en toute souveraineté, sauf à se conformer à la législation existante. Le roi, en sa qualité de suprême gardien des lois, avait voix consultative. Les sentences rendues par ce tribunal sont consignées dans un code appelé Gulathingslög (lois du Gulathing) et qui offre une source précieuse pour l’étude des principes juridiques en vigueur à cette époque.
  2. 933-934.
  3. Cf. ch. 52.
  4. « Liens du sanctuaire. »
  5. Frère du père d’Asgerd. Les juges étaient nommés par les « hersar » (v. ch. 32). Par le fait qu’Arinbjörn et Thord furent chargés, dans les circonstances présentes, de désigner les deux tiers des membres du tribunal, on pouvait s’attendre à ne voir siéger que des personnes jugeant