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et proposèrent la paix. Les hommes d’Adalstein, de leur côté, dirent avec quelles offres ils s’étaient présentés devant le roi Olaf, ajoutant qu’en vertu d’une résolution de personnes avisées on avait différé le combat, en attendant l’arrivée du roi. Le roi Adalstein sans hésiter s’expliqua à ce sujet et tint aux envoyés ce langage : « Rapportez au roi Olaf mes paroles que voici : Je veux bien lui donner l’autorisation de rentrer chez lui en Écosse avec son armée ; mais il restituera tous les biens dont il s’est injustement emparé sur mon territoire ; alors nous conclurons la paix entre nos pays et aucun de nous ne ravagera le territoire de l’autre. De plus, le roi Olaf deviendra mon vassal ; il occupera l’Écosse en mon nom et sera roi sous mon autorité. Retournez maintenant, » conclut-il, « et faites-lui part de ma décision. »

Les émissaires se remirent en route dès le soir et arrivèrent chez le roi Olaf vers minuit. Ils l’éveillèrent et lui communiquèrent séance tenante la réponse d’Adalstein. Aussitôt le roi manda ses jarls et autres chefs auprès de lui. Il fit venir aussi les envoyés et leur fit part du résultat de ses démarches et de la décision du roi Adalstein. Quand on fit connaître ces exigences aux guerriers, il y eut unanimité pour déclarer que la situation commandait de prendre les dispositions en vue de la bataille. Les envoyés racontèrent, en outre, qu’Adalstein possédait des troupes nombreuses et qu’il était entré dans la place forte le jour même de leur arrivée. Alors le jarl Adils dit : « Maintenant, ô roi, il se vérifiera ce que je vous ai dit, à savoir que vous apprendrez à connaître l’astuce anglaise. Nous nous sommes longtemps arrêtés ici et nous avons attendu que les ennemis eussent toutes leurs forces réunies. Leur roi n’était nullement près d’ici, quand nous sommes arrivés. Pendant que nous nous reposions, ils auront recruté une forte armée. Or, voici donc ce que j’ai à vous proposer, ô roi : mon frère et moi, nous marcherons en avant dès cette nuit avec notre troupe. Il se peut qu’ils ne soient pas sur leurs gardes en ce moment où ils viennent d’apprendre que leur roi approche avec une armée considérable. Nous nous jetterons sur eux, et, si nous les mettons en fuite, l’armée d’Adalstein sera réduite d’autant et ne nous attaquera pas avec la même audace. » Le roi trouva ce procédé bien imaginé. « Nous nous apprê-