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dans la forêt. Mais Agil dit à Aki : « Si tu connais bien cette habitation, tu vas nous indiquer quelque butin à emporter. » Aki affirma que les objets mobiliers n’y manquaient pas. « Il y a ici un vaste étage où le propriétaire dort ; là dedans il se trouve des armes en masse. »

Egil ordonna de monter à l’étage. Arrivé en haut de l’escalier, on vit que la chambre était ouverte. Il y avait de la lumière à l’intérieur et des domestiques étaient occupés à préparer les lits. Egil alors invita quelques-uns à rester dehors pour veiller à ce que personne n’échappât. Lui-même fit irruption dans la place, y saisit des armes, dont il y avait là une quantité. Ils tuèrent tous ceux qui se trouvaient dans la chambre, et s’armèrent de pied en cap. Aki s’approcha d’une trappe ménagée dans les planches du parquet, l’ouvrit et engagea les autres à descendre par là à l’étage inférieur. Ils prirent un falot et descendirent. Là se trouvaient les trésors du propriétaire, de superbes joyaux et beaucoup d’argenterie. Les hommes en enlevèrent des charges et les portèrent dehors. Egil prit sous son bras et emporta une vaste cruche à bière. Là-dessus ils gagnèrent la forêt. En y arrivant, Egil s’arrêta et dit : « Cette escapade est très vilaine et peu digne de guerriers. Nous avons volé les biens du bondi sans qu’il en sache rien ; jamais nous n’accepterons pareille honte ; retournons à la ferme et faisons savoir ce qui s’est passé. »

Tous s’y opposèrent en disant qu’ils voulaient rejoindre le bateau. Egil déposa à terre la cruche à bière, et s’éloigna pour courir jusqu’à la ferme. À son arrivée, il vit que des serviteurs sortaient de la salle du foyer avec des plats qu’ils portaient dans le grand appartement. Il remarqua aussi que dans la salle du foyer il y avait un grand feu et sur ce feu de vastes marmites. Il s’en approcha. On y avait amassé de gros troncs de bois et les feux — suivant l’usage — étaient disposés de manière que la flamme entamât un bout des bûches qui se consumaient ainsi. Egil s’empara d’une bûche, s’élança dans l’appartement et enfonça le bout enflammé sous le rebord inférieur du toit et jusque sous les écorces de bouleau. Le feu eut vite fait de gagner la toiture, et ceux qui étaient en train de festoyer ne s’en aperçurent que lorsque le toit fut tout en flammes. On se précipita vers les issues ; mais il n’était guère facile de se frayer un passage,