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nèrent lieu aux ennemis du Cardinal de former des desseins contre son autorité, et même contre sa vie.

Cependant le Roi marcha à Amiens, avec ce qu’il put rassembler de troupes ; Monsieur était auprès de lui. Il donna le commandement de son armée au comte de Soissons[1], jeune prince bien fait de sa personne, d’un esprit médiocre et défiant, fier, sérieux, et ennemi du cardinal de Richelieu : il avait méprisé son alliance, et refusé d’épouser Mme de Combalet, sa nièce[2]. Ce refus, plus que toutes les bonnes qualités du comte de Soissons, lui attirait l’estime et l’amitié de tout ce qui n’était pas[3] dépendant du Cardinal. Saint-Ibar[4], Varicarville[5]

  1. Louis de Bourbon II, comte de Soissons, qu’on appelait Monsieur le Comte tout court, était petit-fils de Louis Ier prince de Condé et beau-frère du prince Tbomas de Savoie-Carignan. Il périt le 6 juillet 1641, à la bataille de la Marfée. Voyez au tome I (p. 46 et 47) des Mémoires de Mademoiselle, à qui on avait songé à le marier ; et sur sa mort, Tallemant des Beaux, tome II, p. 40.
  2. Marie-Madeleine de Vignerot, fille de Françoise du Plessis, sœur de Richelieu, et de René de Vignerot, seigneur de Pont-Courlay, avait épousé Antoine de Beauvoir, marquis du Roure, seigneur de Combalet, qui fut tué, en 1621, devant Montauban. Elle fut, de 1623 à 1631, dame d’atour de Marie de Médicis. En 1638, le Cardinal acheta pour elle le duhé d’Aiguillon. Elle mourut en 1675. Sur le refus du comte de Soissons d’épouser la nièce de Richelieu, voyez le tome I des Mémoires de Retz, p. 140 et note I.
  3. N’étoit point. (1817, 26, 38.)
  4. Henri d’Escars de Saint-Bonnet, seigneur de Saint-Ibar, ou, comme portent les éditions de 1826 et de 1838, Saint-Ibal, ou encore, comme souvent ses lettres sont signées, Saint-Tibal. Sur ce personnage et les deux suivants, voyez le tome I des Mémoires de Retz, p. 141, notes 1, 2 et 3.
  5. Gentilhomme normand attaché au duc de Longueville. — Les éditions antérieures ajoutent ici Canipion. Ce nom pourrait bien avoir été omis par mégarde dans notre manuscrit. Il y avait deux frères Campion, Alexandre et Henri. Il s’agirait ici du premier, qui fut successivement attaché au comte de Soissons (Retz, tome I, p. 151, l’appelle « son domestique »), au duc César de Vendôme et au duc de Longueville.