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pagne, commandées par le prince Thomas[1]. Plusieurs jeunes gens de qualité étaient volontaires dans[2] cette occasion ; j’étais du nombre[3]. Une si heureuse victoire donna de la jalousie au prince d’Orange, et mit de la division[4] entre lui et les maréchaux de Châtillon et de Brezé. Au lieu de tirer avantage d’un tel succès et de maintenir sa réputation, il fit piller et brûler Tirlemont[5], pour décrier les armes du Roi et les charger d’une violence si peu nécessaire ; il assiégea Louvain, sans avoir dessein de le prendre, et affaiblit tellement l’armée de France par les fatigues continuelles et par le manque[6] de toutes choses, qu’à la fin de la campagne, elle ne fut plus en état de retourner seule par le chemin qu’elle avait tenu, et elle fut contrainte de revenir par mer. Je revins avec ce qu’il y avait de volontaires, et je leur portai malheur, car nous fûmes tous chassés, sur le prétexte[7] qu’on parlait trop librement de ce qui s’était passé dans cette campagne[8] ; mais la principale raison fut

  1. Thomas-François de Savoie, prince de Carignan, cinquième fils de Charles-Emmanuel I, duc de Savoie ; né en 1596, il mourut en 1656 ; il avait épousé en 1625 Marie de Bourbon, sœur du comte de Soissons. Mécontent de Richelieu, il venait d’entrer au service de Philippe IV. En 1642, il se réconcilia avec Louis XIII, et fut nommé généralissime des armées françaises en Italie. Il eut deux fils, dont le second fut père du célèbre prince Eugène de Savoie, qui se mit au service de l’empereur Léopold Ier.
  2. En. (1817, 26, 38.)
  3. Il fut même un de ceux qui se comportèrent avec le plus de bravoure daus cette journée.
  4. Et mit la division. (1817, 26, 38.)
  5. Tirlemont ou Tillemont, ville du Brabant méridional, à trois lieues de Louvain, sur la rivière de Geete.
  6. Le manquement. (1817, 26, 38.)
  7. Sous prétexte. (Ibidem.)
  8. Voyez le récit de cette campagne dans les Mémoires de la Force, tome III , chapitres xx-xxii, et dans Montglat, tome I, p, 76 et suivantes.