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la plus grande partie de la cour, à la persécution[1] du Cardinal ; il fut soupçonné d’être dans les intérêts de Monsieur, et il eut ordre d’aller dans une maison qu’il avait auprès de Blois.

Tant de sang répandu et tant de fortunes renversées[2] avaient rendu odieux le ministère du cardinal de Richelieu ; la douceur de la régence de Marie de Médicis était encore présente, et tous les grands du Royaume, qui se voyaient abattus, croyaient avoir passé de la liberté à la servitude. J’avais été nourri dans ces sentiments, et je m’y confirmai encore par ce que je viens de dire : la domination du cardinal de Richelieu me parut injuste, et je crus que le parti de la Reine était le seul qu’il[3] fût honnête de suivre. Elle était malheureuse et persécutée, et le Cardinal était plutôt son tyran que son amant ; elle me traitait avec beaucoup de bonté et de marques d’estime[4] et de confiance. J’étais dans une grande liaison d’amitié avec Mlle de Hautefort[5], qui était fort

  1. Aux persécutions. (1817. 26, 38.)
  2. Tant de sang répandu et de fortunes renversées, (ibidem.)
  3. Qui, pour qu’il, dans le manuscrit D.
  4. Avec beaucoup de bonté, de marques d’estime. (1817.)
  5. Marie de Hautefort, fille du marquis Charles de Hautefort, et de Renée de Bellay, de la maison de la Flotte Hauterive. Elle fut reçue en 1628, dès l’âge de douze ans, parmi les filles d’honneur de Marie de Médicis. Mme de Motteville, qui fait son portrait au tome I de ses Mémoires (p. 40), dit (p. 49) qu’après la journée des Dupes, Louis XIII fit présent à Anne d’Autriche de Mlle de Hautefort, qu’il avait ôtée à la Reine sa mère, et de Mme de la Flotte sa grand’mère pour dame d’atour. Quelque temps après, il donna à cette belle personne la survivance de cette charge, afin qu’elle pût avoir le titre de dame. » Deux fois disgraciée, en 1640 et en 1644, elle épousa, en 1646, Charles de Schomberg, duc d’Halluin, pair et maréchal de France. Elle mourut en 1691. Voyez, Madame de Hautefort, par V. Cousin. — Les éditions antérieures écrivent d’Hautefort, qui est aussi l’orthographe du nom dans le registre des mariages de l’église Saint-Sulpice pour l’année 1646. La notre est celle du manuscrit D.