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res[1] qui suivirent. Mais, quelques avances que Monsieur le Prince fît vers eux, on crut qu’il n’avait jamais eu intention de se mettre à leur tête, qu’il voulait seulement, comme je l’ai dit, regagner l’esprit des peuples, se rendre par là redoutable au Cardinal, et faire sa condition plus avantageuse. Il avait paru[2] jusque-là irréconciliable avec M. le prince de Conti son frère et Mme de Longueville leur sœur, et même, dans le traité de la paix de Paris, il s’emporta contre eux avec toute l’aigreur imaginable, soit pour faire sa cour, ou par un sentiment de vengeance, à cause qu’ils s’étaient séparés de lui[3]. Cela alla même si avant, qu’il fut directement contraire au rétablissement de M. le prince de Conti et du duc de Longueville dans leurs gouvernements, et que, par une fausse politique[4], il s’opposa à l’intention qu’on eut à la cour de donner le Mont-Olympe[5] et Charleville à Monsieur son frère, et il le restreignit à accepter Damvilliers[6]. M. le prince de Conti et Mme de Longueville trouvèrent ce procédé de Monsieur le Prince aussi surprenant et aussi rude qu’il l’était en effet, et, dans cet

  1. Dans toutes les affaires. (Ms. H, réd. 1.)
  2. Dans les avances que Monsieur le Prince fit vers les Frondeurs, on crut qu’il n’eut jamais intention de se mettre à leur tête contre la cour, mais seulement de regagner, comme j’ai dit, l’esprit des peuples, de se rendre par là redoutable au Cardinal, et d’être en état de faire, par ce moyen, sa condition plus avantageuse avec lui. Monsieur le Prince avoit paru. (Ms. H, réd. 1.)
  3. * Soit que ce fût pour faire sa cour, ou par un sentiment de vengeance pour s’être séparés de lui. (Ms. H, réd. 1.)
  4. * Par une très-méchante politique. (Ms. H., réd. 1.)
  5. Forteresse qui dominait la place de Charleville ; elle a été démantelée en 1686. Voyez Retz., tome II, p. 591, note 1.
  6. Petite ville du Luxembourg français (Meuse), et seigneurie enclavée dans le Verdunois. Prise par Henri II, elle avait été restituée à l’Espagne par le traité de Câteau-Cambrésis. La possession en fut confirmée à la France par la paix des Pyrénées.