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en prendre la tête ; dans cet espace[1], une partie de l’infanterie du comte de Grancey eut le loisir d’arriver, et, à la premier décharge, tout ce que j’avais de troupes[2] s’enfuit, et mon cheval fut tué ; ceux du chevalier de la Rochefoucauld[3] et de Gourville[4] le furent aussi. Un gentilhomme qui était à moi[5] mit pied à terre pour me donner le sien, mais je ne pus m’en servir, parce qu’un des escadrons qui poussaient les fuyards était trop près. Le comte d’Hollac[6], qui était à la tête, et trois autres cavaliers vinrent à moi, me criant quartier ; j’allai à lui, résolu de ne le pas accepter[7] ; et, croyant lui donner[8] de l’épée dans le corps, je ne perçai que les deux épaules de son cheval, et mon épée s’arrêta toute faussée dans la selle. Il me tira aussi à bout portant ; le coup fut si grand que je tombai à terre ; tout son escadron, en passant presque sur moi, me tira encore. Six soldats arri-

  1. Dans cet espace de temps. (1817, 26, 38.) — De temps, dans notre manuscrit, est biffé.
  2. « De troupe », au singulier, dans les éditions de 1817, 26.
  3. Charles-Hilaire, chevalier de Malte, frère puîné du prince de Marcillac. Né en 1628, il mourut en 1651 : voyez ci-après, p. 308.
  4. Jean Hérault de Gourville, qui avait déjà combattu à Courtrai, s’était fait, dit-il dans ses Mémoires (p. 221), « lieutenant d’une compagnie de bourgeois du faubourg Saint-Honoré, commandée par un charcutier, qui demeuroit devant la porte du logement de M. le prince de Marcillac. » Né à la Rochefoucauld en 1625, il mourut à Paris en 1703. Il est déjà nommé plus haut, p. 115 ; voyez sur lui Sainte-Beuve, Causeries du lundi, tome V, p. 286 et suivantes.
  5. Il s’agit probablement, d’après le récit de Gourville (p. 224), de Bercenay, capitaine des gardes du prince de Marcillac, que nous retrouvons en 1652 accompagnant, avec la Rochefoucauld et quelques autres, le prince de Condé dans sa grande chevauchée aventureuse d’Agen au camp de Lorris en Gâtinais.
  6. On défigurait ainsi le nom d’Hohenloke ; les éditions antérieures écrivent d’Holach ; Tallemant des Réaux (tome III, p. 180), d’Olac ; Bussy Rabutin (tome 1, p. iii), d’Holac.
  7. De ne pas l’accepter. (1817, 26, 38.)
  8. Et croyant de lui donner. (1817.)