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réchal de la Motte-Houdancourt[1] était ennemi particulier du Tellier[2] : il cherchait[3] à se venger du traitement qu’il lui avait procuré en le faisant arrêter prisonnier après lui avoir ôté l’emploi de Catalogne. Il avait de la valeur, de la capacité dans la guerre, un esprit médiocre, du bon sens, et, par un sentiment ordinaire à ceux qui ont fait eux-mêmes leur fortune, il craignait beaucoup de la hasarder[4] ; il prit néanmoins le parti du Parlement. Le duc de Beaufort suivit bientôt cet exemple : il s’était sauvé du donjon de Vincennes[5] avec beaucoup de hardiesse, d’industrie et de bonheur, et il fut reçu du peuple comme son libérateur. Tant de personnes considérables élevèrent les espérances du parti. On leva de grandes sommes d’argent ; on fit des troupes ; le parlement de Paris écrivit aux autres parlements du Royaume[6] ; on envoya des lettres circulaires dans les

    dire ceci, car je sais que M. de Turenne fait grand cas de tous les sentiments de Monsieur le Prince et est fort son serviteur. »

  1. Philippe comte de la Mothe-Houdancourt, duc de Cardone, vice-roi de Catalogne, maréchal de France, né en 1605, mort en 1657. Arrêté après sa défaite devant Lérida, en mai 1644, il était resté prisonnier à Pierre-Encise jusqu’en septembre 1648. Il rentra en grâce en 1651.
  2. De le Tellier. Voyez ci-dessus, p. 54, note 2.
  3. Et il cherchoit. (1826, 38.) — Les trois éditions antérieures à la nôtre ajoutent encore et, un peu plus bas, devant « de la capacité », et devant « du bon sens ».
  4. Comparez avec le portrait que Retz trace du même personnage, tome II, p. 179 : « Le maréchal de la Mothe avoit beaucoup de cœur. Il étoit capitaine de la seconde classe ; il n’étoit pas homme de beaucoup de sens… Il étoit très-utile dans un parti, parce qu’il y étoit très-commode.
  5. Le 31 mai 1648, après un emprisonnement qui avait duré cinq années ; depuis lors il s’était tenu caché dans le Vendomois. Les détails de son évasion sont dans les Mémoires de Guy Joli, tome I, p. 12-14.
  6. Le texte de ces lettres du parlement de Paris se trouve dans le Journal du Parlement, séance du 18 janvier au matin, p. 23 et 24.