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l’obtenir, sans lui rien dire toutefois qui ne fût vrai. Il me la donna toute entière ; mais il se repentit de me l’avoir donnée, quand il vit les suites de cette liaison. Il essaya inutilement de la traverser bientôt après[1] par beaucoup de bruit et par beaucoup d’éclat[2], qui ne changèrent rien[3] à mon dessein. Mme de Longueville partit peu de temps après[4], pour aller à Munster, où le duc de Longueville[5], son mari, était allé traiter la paix[6].

Mon père obtint alors pour moi la permission d’acheter le gouvernement de Poitou[7]. Je suivis M. le duc

  1. Bientôt après de la traverser. (1817, 26, 38.)
  2. D’après la duchesse de Nemours (p. 131), ce serait le duc d’Enghien lui-même qui, furieux de voir sa passion pour Mlle du Vigean traversée par sa sœur, aurait a dit à M. de Longueville son mari tout ce qu’il crut le plus nuire à cette dame, » c’est-à-dire évidemment sa liaison avec le prince de MarciLlac, et aurait conseillé au duc de la « faire enfermer dans une de ses maisons. »
  3. Les mots : par beaucoup de bruit et sont en interligne dans le manuscrit D, et changèrent est au-dessus de changea, biffé.
  4. Le 20 juin 1646. (La Jeunesse de Madame de Longueville, p. 276.)
  5. Henri II d’Orléans, duc de Longueville, né en 1595, mort en 1663, descendait du fameux comte de Dunois, dit le bâtard d’Orléans, contemporain de Charles VII. Il était fils de Henri Ier d’Orléans et de Catherine de Gonzague. Lorsqu’il épousa, le 2 juin 1642, la sœur du grand Condé, il était veuf de Louise de Bourbon, fille du comte de Soissons.
  6. Les doubles conférences à Münster et à Osnabrück, conduites par les comtes de Servien et d’Avaux et par le duc de Longueville, aboutirent, on le sait, le 24 octobre 1648, au glorieux traité dit de Westphalie, qui assura à la France la souveraineté de Metz, Toul et Verdun, de l’Alsace tout entière, sauf la ville libre de Strasbourg, le droit de garnison dans Philipsbourg, etc. Voyez le P. Bougeant : Histoire du traité de Westphalie, et Histoire des guerres et des négociations qui précédèrent ce traité, 6 volumes in-12, 1751.
  7. Moyennant un prix de trois cent mille livres, c’est-à-dire cinquante mille livres de plus que le duc ne l’avait vendu, par ordre, en 1632. Voyez à ce sujet, à la suite des Mémoires, les amères réflexions de l’auteur, dans l’Apologie de M. le prince de Marciilac.