Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un esprit grand, clair, pénétrant et capable, brillait de toute la gloire que le gain de la bataille de Rocroy[1] et la prise de Thionville[2] pouvaient donner à un prince de vingt ans ; il revenait avec tout l’éclat que méritaient de si grands commencements, et il était avec la Reine dans la même liaison dont j’ai parlé, et que j’avais concertée[3]. Madame la Princesse, sa mère, suivait ses engagements : elle était attachée par elle-même à la Reine, qui lui avait rendu Chantilly et tout ce que le feu Roi avait retenu de la confiscation du duc de Montmorency[4]. Mme la duchesse de Longueville[5], sa fille, suivait les intérêts de sa maison ; elle était trop occupée des charmes de sa beauté, et de l’impression que les grâces de son esprit faisaient sur tout ce qui la voyait[6], pour

    sorte que la ruine de l’une est presque toujours l’établissement d’une autre. » Retz dit aussi du père du grand Condé (tome I, p. 235) qu’il était « attaché à la cour par son avarice. »

  1. Gagnée le 19 mai 1643, cinq jours après la mort de Louis XIII. Mme de Motteville rapporte (tome I, p. 112) que le Roi, avant de mourir, avait vu en rêve le duc d’Enghien « donner un combat et défaire les ennemis en ce même lieu » de Rocroy. Voyez, sur cette bataille, la Jeunesse de Madame de Longueville, par V. Cousin, p. 214-217, et p. 310 ; la série de pièces curieuses qui se trouvent à l’Appendice de cet ouvrage, p. 532-585 ; et la Société française au dix-septième siècle, tome I, chapitre iv.
  2. C’est le 10 août 1643 que fût prise cette place, « qu’on jugeoit infaillible, » dit la Châtre, p. 231.
  3. Voyez plus haut, p. 57 et 58.
  4. Voyez p. 30, note 5.
  5. Anne-Geneviève de Bourbon, née en 1619, au donjon de Vincennes, pendant la captivité de son père, morte en 1679 aux Carmélites du faubourg Saint-Jacques. Elle avait épousé, à l’âge de vingt-trois ans, le 2 juin 1642, Henri II d’Orléans, duc de Longueville, qui avait quarante-sept ans. — Voyez sur elle V. Cousin : la Jeunesse de Madame de Longueville ; Madame de Longueville pendant la Fronde ; et la Société française au dix-septième siècle, tome I, chapitre i.
  6. Sur tous ceux qui la voyoient. (1817, 26,38.) — Retz (tome II,