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était de plus intimement attaché à Mme de Chevreuse, et elle savait assez les voies les plus certaines de le gouverner ; elle pressa donc son retour avec beaucoup d’instance ; elle en fit aussi pour rétablir le duc de Vendôme dans son gouvernement de Bretagne[1], ou pour l’en faire récompenser par l’amirauté[2]. En ce

    appelle « l’ancienne forme de gouvernement ; » mais on peut le tenir quitte de plus amples développements sur ce sujet. La préoccupation du bien public n’était pas l’idée qui l’obsédait ; ce ne fut pas ce mobile qui le jeta, comme on dirait de nos jours, dans l’opposition. Au reste, la Fronde des seigneurs, cette mutinerie sans aucune vue politique sérieuse et précise, n’était qu’une dernière convulsion de la féodalité aux abois. Encore est-ce beaucoup dire : les chefs de la coterie nobiliaire, qui suscita tant de difficultés à Mazarin, n’allaient pas, dans leurs revendications, jusqu’à se poser en champions irréconciliables du passé contre le présent : des places dans le conseil royal, des gouvernements, des pensions, tel était l’objet des convoitises toutes personnelles des Frondeurs. Un grand seigneur, comme la Rochefoucauld, nourri au sein des intrigues, a pu écrire que Richelieu « avoit commencé de détruire » l’ancienne forme de gouvernement ; la vérité historique, c’est que l’ancienne forme reçut du Cardinal le dernier coup, ou du moins un coup si terrible, que Louis XIV put bientôt penser et dire : « l’Etat, c’est moi. » — On peut rapprocher de ces mots que la Rochefoucauld jette là en passant et sans y attacher d’importance, les longues et éloquentes considérations auxquelles Retz, passionné après coup pour le bien public, se livre au tome I de ses Mémoires, p. 271 et suivantes.

  1. César de Vendôme avait résigné le gouvernement de Bretagne, à sa sortie de prison, en 1630. Mazarin, pour ne pas lui rendre cette charge, usa d’un biais. Il amena la Reine à retenir pour elle le gouvernement de la Bretagne, et à s’y faire suppléer par un lieutenant général, titre qui ne convenait pas à un fils de Henri IV, mais dont pouvait s’accommoder la Meilleraye, qui le portait déjà depuis 1632.
  2. Ou plutôt par la grand’maîtrise et surintendance générale de la navigation, qui avait remplacé en 1627 l’ancienne charge d’amiral de France, rétablie ensuite par Louis XIV en 1669. Le titulaire de la surintendance était alors Jean-Armand de Maillé, duc de Brezé, neveu du cardinal de Richelieu et beau-frère du duc d’Enghien. César de Vendôme y fut nommé en 1650.