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et son avarice sous une modération affectée[1] : il déclarait qu’il ne désirait[2] rien pour lui, et que toute sa famille étant en Italie, il voulait adopter pour ses parents tous les serviteurs de la Reine, et chercher également sa sûreté et sa grandeur à les combler de biens[3].

Je voyais diminuer la confiance que la Reine avait eue pour le duc de Beaufort et pour l’évêque de Beauvais. Elle commençait à craindre l’humeur rude et altière du duc de Beaufort. Il ne se contentait pas d’appuyer les prétentions du duc de Vendôme contre le maréchal de la Meilleraye pour le gouvernement de Bretagne ; il appuyait[4] encore les espérances, quelque mal fondées qu’elles pussent être, de tous ceux qui s’attachaient à lui, et il se vantait même de son crédit aux dépens de la réputation de la Reine. Elle savait cette conduite et elle en était vivement aigrie[5] ; mais elle ménageait encore le duc de Beaufort, et ne pouvait se résoudre de[6] l’abandonner si peu de temps après qu’elle lui avait confié ses enfants[7]. Le cardinal Mazarin profitait avec

  1. Rapprochez du portrait si injuste et si dur traer par Retz, tome I, p. 283-287.
  2. Qu’il ne vouloit. (1817, 26, 38.)
  3. Si Mazarin eut jamais ces idées, il en revint plus tard ; il appela en France ses nombreuses nièces, et mit tout en œuvre pour leur assurer de brillantes alliances et pour combler d’honneurs et de biens leurs maris. Consultez l’ouvrage de M. Amédée Renée, les Nièces de Mazarin.
  4. Il soutenoit. (1817, 2G, 38.)
  5. Voyez les détails donnés à ce sujet par Henri de Campion dans ses Mémoires (édition de M. C. Moreau, 1857, p. 171) : « Elle remarqua, dit-il, qu’il faisoit trop le familier avec elle devant toute la cour. » Retz (tome I, p. 209) dit de même : « M. de Beaufort, qui étoit de tout temps à la Reine, et qui en faisoit même le galant ; » et plus loin (p. 220 et 221) : « Il fit vanité de donner au monde toutes les démonstrations d’un amant irrité. »
  6. Se résoudre à. (1817, 26, 38.)
  7. Voyez plus haut, p. 59 et 60, et la note i de la page 60.