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Cependant[1] la Reine et Monsieur, après avoir eu tant de marques de l’aversion du Roi, cherchaient, chacun de leur côté, toutes sortes de voies pour effacer les impressions qu’il avait de leur conduite. J’ai su de M. de Chavigny même qu’étant allé trouver le Roi, de la part de la Reine, pour lui demander pardon de tout ce qui lui avait pu déplaire[2], elle le chargea particulièrement de le supplier de ne point croire qu’elle fût entrée dans l’affaire de Chalais, ni qu’elle eût jamais trempé dans le dessein d’épouser Monsieur après que Chalais aurait exécuté la conjuration qu’il avait faite contre la personne du Roi[3]. Il répondit à M. de Chavigny sans s’émouvoir : « En l’état où je suis, je lui dois pardonner[4] ; mais je ne suis pas obligé de la croire. » La Reine et Monsieur croyaient séparément avoir droit à la Régence, à l’exclusion l’un de l’autre. Monsieur ne demeura pas longtemps dans cette pensée ; mais il crut devoir au moins être déclaré régent avec la Reine.

Tous ceux qui avaient souffert sous le cardinal de Richelieu attendaient avec impatience un changement, dont chaque particulier espérait de profiter. Les intérêts différents des principaux du Royaume et des plus considérables du Parlement les obligèrent bientôt à prendre parti entre la Reine et Monsieur, et, si les brigues qu’on faisait n’éclataient pas davantage, c’est que la santé du Roi, qui semblait quelquefois se rétablir, leur faisait craindre qu’il ne fût averti de leurs pratiques, et qu’il ne fît passer pour un crime toutes les mesures que l’on prenait sur sa mort[5].

  1. Cependant n’est pas dans les éditions antérieures.
  2. Ce qui avoit pu lui déplaire. (1826, 38.)
  3. Voyez plus haut, p. 6 et 7.
  4. Je dois lui pardonner. (18 17, 26, 38.)
  5. Sur ce mouvement général de la cour pendant les derniers