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moyens dans la suite pour affermir son pouvoir et pour gouverner seule. Ces raisons, appuyées de quelques apparences et de toute l’industrie du Cardinal[1], étaient reçues de la Reine avec d’autant plus de facilité, que celui qui les disait commençait à ne lui être pas désagréable[2] ; et M. de Chavigny lui parut même alors moins coupable, parce que le Cardinal avait part à sa faute ; la Reine cachait néanmoins ce sentiment avec beaucoup de soin.

La maladie du Roi augmenta cependant à un point qu’il ne lui resta plus d’apparence de guérison, et le Cardinal, rassuré par ses[3] nouvelles espérances, proposa plus hardiment au Roi de donner cette déclaration dans les termes qui pourraient le plus assurer le repos de l’État ; le Roi s’y résolut enfin, et y fit ajouter un article particulier contre le retour de Mme de Chevreuse[4].

  1. Du cardinal Mazarin. (1817.)
  2. Sur les sentiments d’Anne d’Autriche pour Mazarin, voyez V. Cousin, Madame de Hautefort, p. 75-82 ; et sur les commencements de la faveur du Ministre à la mort du Roi, les Mémoires de Mme de Motteville, tome I, p. 115 et suivantes, et ceux de la Porte, p. 396 et suivantes.
  3. Ces. (1817, 26, 38.)
  4. Cet article particulier, relatif à Mme de Chevreuse, est ainsi conçu : « Comme notre dessein est de prévoir tous les sujets qui pourroient en quelque sorte troubler le bon établissement que nous faisons pour conserver le repos et la tranquillité de notre État, la connoissance que nous avons de la mauvaise conduite de la dame duchesse de Chevreuse, et des artifices dont elle s’est servie jusques ici pour mettre la division dans notre royaume, les factions et les intelligences qu’elle entretient au dehors avec nos ennemis nous font juger à propos de lui défendre, comme nous lui défendons, l’entrée de notre royaume pendant la guerre ; voulons même qu’après la paix conclue et exécutée, elle ne puisse retourner dans notre royaume que par les ordres de ladite dame reine régente, avec l’avis dudit conseil, à la charge néanmoins qu’elle ne pourra faire sa demeure ni être en aucun lieu proche de la cour et de la dite dame reine. »