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tumé d’en avoir[1]. Elle me renvoya de la frontière[2], par un de mes gens, pour deux cent mille écus de pierreries, me priant de les recevoir en don si elle mourait, ou de les lui rendre si elle me les envoyait demander[3]. Le lendemain que Mme de Chevreuse fut partie, un courrier de Monsieur son mari[4] arriva à Tours, pour lui confirmer ce que je lui avais mandé de l’accommodement de la Reine ; il était même chargé pour elle de quelques compliments de la part du Cardinal. Cet homme, étonné de ne la point trouver, s’adressa à l’archevêque de Tours, et lui dit qu’on se prendrait à lui de cette fuite. Ce bon homme, épouvanté de ces menaces et affligé de l’absence de Mme de Chevreuse, dit tout ce qu’il savait au courrier et l’informa du chemin qu’elle devait tenir ; il dépêcha encore d’autres gens après elle, et lui écrivit tout ce qu’il crut capable de la faire revenir ; mais ce voyage, qui avait été entrepris par une fausse alarme, fut continué par la perte de cette route dont j’ai parlé ; son malheur et le mien lui firent quitter le chemin où on l’aurait sans doute retrouvée, et lui fit prendre celui de Verteuil, pour me

  1. Tallemant des Réaux, tome I, p. 405, rapporte les détails les plus singuliers. Mme de Chevreuse avait alors trente-sept ans, étant née presque avec le siècle, en décembre 1600.
  2. De la frontière d’Espagne. (1817, 26, 38.) — Voyez dans V. Cousin, Madame de Chevreuse (Appendice , p. 436-439), l’Extrait de l’Information de la sortie de Mme de Chevreuse hors de France.
  3. Voyez, dans le tome I, la note 4 de la page 295, et, plus loin, parmi les Lettres, une de notre auteur, en date de septembre 1638, adressée à M. de Liancourt.
  4. Voyez ci-dessus, p. 41 note 3. — Le duc de Chevreuse envoya à Tours, avec autorisation du Cardinal, Boispille ou Boispillé, l’intendant de la maison de Chevreuse, porter à la duchesse une abolition pleine et entière du passé. Il arriva, non pas le lendemain de son départ, mais neuf jours après. Voyez V. Cousin, à l’Appendice de Madame de Chevreuse, p. 428.