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RÔLE DES EXCURSIONS DANS L’ENSEIGNEMENT DES SCIENCES

lement établis le jour où le principe de la méthode serait adopté.

On connaît l’existence de promenades scolaires organisées par le Club alpin français ; des lycéens sont ainsi emmenés par des membres de l’enseignement le dimanche et le jeudi aux environs de Paris ; cette heureuse tentative correspond à la préoccupation de ne pas négliger l’entraînement physique, d’assurer l’équilibre qui doit toujours exister dans le travail de nos différents organes. Est-ce que l’enseignement des sciences naturelles, tel que nous le comprenons, ne viendrait pas compléter heureusement, en la rendant normale, cette organisation dont ne profitent actuellement qu’un très petit nombre de nos lycéens ?

Nous n’avons eu en vue, dans ce qui précède, que l’enseignement secondaire ; mais ces réflexions s’appliquent aussi en partie à celui des Facultés. En science, comme partout ailleurs, il se crée des courants, des modes, qui font que la plupart des efforts se dirigent à un moment donné dans un même sens ; longtemps les études de systématique et de pure observation dominèrent dans les sciences naturelles ; puis l’histologie fine d’une part, la physiologie de l’autre, détournèrent peu à peu les chercheurs de la nature pour les confiner dans les laboratoires ; si bien que plus d’un esprit, parmi les meilleurs, considère maintenant avec quelque dédain les recherches où les microscopes les plus perfectionnés et la technique la plus délicate ne prennent pas part ; à notre sens il ne faut médire d’aucune forme d’investigation et nous n’avons pas à notre disposition tant d’outils de recherche qu’il soit habile d’en abandonner certains.

Quoi qu’il en soit l’enseignement supérieur s’est évidemment ressenti de ce changement d’orientation, le filet à insectes et la boîte verte ont beaucoup perdu de leur importance ; j’estime que c’est un tort ; il est évidemment facile, et leur esthétique s’y prête, de tourner ces instruments en ridicule ; cela est d’autant plus grave que pour beaucoup de personnes ils sont les symboles de la biologie tout entière ; en réalité ils sont ceux d’un stade par lequel doit passer tout naturaliste ; ils représentent une éducation première dont on ne peut se dispenser sans grave danger si on veut lire plus avant dans la Nature.