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LA REVUE DU MOIS

nous en sommes tout près[1]. Un phénomène analogue est le suivant : un homme que nous connaissons nous paraît aussi grand, bien qu’il soit vu sous un angle beaucoup plus petit, lorsqu’il est à 20 mètres de nous que lorsqu’il est à 5 mètres. Les deux faits sont des cas particuliers de cette loi générale que tout objet connu nous paraît conserver les mêmes dimensions, à quelque distance qu’il soit de nous, pourvu qu’il soit exactement reconnu.

La voûte céleste ne présente pas toujours la même grandeur apparente ni la même forme. Elle se rapetisse, paraît moins éloignée de nous et se rapproche de la forme hémisphérique lorsque la nuit vient. Le premier fait s’explique très simplement par la diminution de netteté des objets qu’amène l’obscurité. Qu’on place dans un stéréoscope un carton stéréoscopique et on remarquera de même, en diminuant considérablement l’éclairage, que le relief et les profondeurs s’atténuent dans l’image, en même temps qu’y diminue la netteté des détails.

Quant au second fait, l’apparence à peu près hémisphérique de la voûte pendant la nuit, il s’explique par l’invisibilité ou la très faible visibilité des objets terrestres éloignés : comme nous ne voyons à peu près pas ces objets, nous ne pouvons les reconnaître et percevoir leurs profondeurs.

D’après ce qui précède, la voûte céleste n’a pas une forme absolument fixe. Il peut même arriver que, sur une grande étendue, elle paraisse plane. On s’assurera du fait en observant la région du ciel (supposé couvert de nuages distincts) s’étendant du zénith vers l’horizon et limitée à droite et à gauche par les toits d’une rue longue et étroite, ou encore en observant, du haut d’un coteau, une région du ciel s’étendant du zénith à l’horizon au-dessus d’un pays offrant jusqu’à perte de vue de nombreux objets visibles, champs, arbres, etc. La mer, de même, nous paraît présenter du bord de l’eau à l’horizon une surface plane ; une plaine, qui s’étend devant nous, nous paraît également plane. En somme, la forme de la voûte céleste varie suivant qu’il fait clair ou sombre, et suivant le nombre et la disposition des objets terrestres interposés entre l’horizon et

  1. Lorsque nous avons affaire exclusivement à des objets inconnus, on peut supposer que des profondeurs en apparence égales correspondent, quand il peut s’agir de parallaxe, à des parallaxes égales. La question mériterait d’être étudiée d’une manière systématique expérimentalement.