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LA VOUTE CÉLESTE

jour, par temps clair. S’il s’agissait d’imagination, on ne comprendrait pas que l’illusion ne fût pas la même la nuit et le jour.

L’illusion n’est pas due à l’existence d’une atmosphère autour de la terre ; elle est peu marquée en effet ou même ne se constate pas lorsqu’il n’existe devant le regard que cette atmosphère, c’est-à-dire lorsque nous ne voyons au ciel ni étoiles ni nuages, lorsque nous n’apercevons que le ciel uniformément bleu. Elle est également peu marquée par temps de brouillard, lorsque le ciel est uniformément gris. Inversement, elle est très nette lorsque le ciel est couvert de petits nuages qui cachent les régions supérieures de l’atmosphère. L’expérience suivante permettra de constater qu’on n’a pas l’illusion nette d’une voûte, surtout quand on regarde dans la direction du zénith, lorsque le ciel est uniformément bleu ; qu’on s’étende sur le dos en plaine ou au bord de la mer et qu’on essaie de projeter au zénith une image consécutive, par exemple l’image obtenue après avoir fixé une pièce de 0 fr. 50, ou encore le soleil couchant : on constatera que la projection à une distance définie est difficile, que la tendance naturelle est de projeter l’image très près de soi. Au contraire, s’il existe des nuages, on projettera facilement à la distance apparente des nuages l’image considérée. On reconnaît d’ailleurs qu’on projette l’image loin ou près à la grandeur qu’elle parait avoir : ainsi, l’image du soleil, projetée à la distance des nuages, paraîtra presque aussi grande que le soleil lorsqu’il est haut dans le ciel, tandis que, projetée à une faible distance, elle pourra paraître, par exemple, grande comme une pièce d’un franc.

L’illusion d’une voûte céleste se produit avec ciel étoilé et avec ciel couvert de nuages ; donc on ne peut songer à l’expliquer soit exclusivement par l’existence d’étoiles visibles, soit exclusivement par celle d’une couche de nuages.

Elle n’est pas due, comme on l’a supposé parfois, à la forme de la rétine ni aux mouvements des yeux. Cette forme existe, ces mouvements peuvent se produire lorsque nous sommes enfermés dans une pièce d’un laboratoire où nous avons fait l’obscurité, lorsque nous regardons le ciel uniformément bleu ou gris ; or, nous ne percevons dans le premier de ces deux cas aucune apparence de voûte, et, dans le second cas, l’illusion d’une voûte est, comme je l’ai fait remarquer, relativement peu nette.