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CHRONIQUE

approuve l’auteur d’avoir indiqué, et avec quelle réserve ! les principaux vices de l’Église romaine actuelle.

Si cette Église catholique romaine consent à se réformer, ce ne sont pas les conseils éclairés, dévoués, de ses meilleurs fidèles qui lui manqueront. — P. Van Tieghem.

Marine. — Les grandes manœuvres navales. — Les enseignements de la guerre russo-japonaise commencent à porter leurs fruits un peu partout dans la marine, non seulement dans la construction des navires, mais aussi dans les armes dont ils sont munis. On sait que, pendant cette guerre, le rôle des torpilles a été très faible et que les torpilleurs seuls ont pu, grâce à leur invisibilité, s’en servir utilement : il a été prouvé que l’artillerie avait des effets destructeurs assez grands pour empêcher un gros navire de s’approcher à une distance de 400 mètres qui est celle de l’utilisation des torpilles. C’est pour cette raison que le ministre de la marine vient d’ordonner le débarquement des torpilles sur tous les cuirassés et croiseurs, à l’exception des tubes sous-marins. Toutefois, il est possible que cette mesure ne soit que temporaire, car on étudie actuellement une torpille qui serait efficace à une distance de 2.000 mètres, et, si elle donne des résultats satisfaisants, il est très probable qu’on en dotera les navires, au grand bénéfice de leur puissance offensive. Tout cela n’est pas sans entraîner de grandes dépenses, d’abord parce que ces torpilles coûteront une douzaine de mille francs chacune, et ensuite parce qu’il faudra avoir tout un matériel nouveau pour les charger d’air à 150 atmosphères : ceci prouve une fois de plus que, pour avoir une marine, il faut faire des sacrifices pécuniaires énormes.

C’est encore pour mettre à profit les enseignements de la bataille de Tsoushima que vont avoir lieu les grandes manœuvres navales. On sait que l’amiral Fournier veut expérimenter des ordres tactiques dans lesquels les navires seraient répartis par groupes de trois, formant un triangle, appelé peloton. L’amiral, au lieu de diriger effectivement tous les navires de son escadre, n’adresserait ses ordres qu’aux chefs de peloton qui apporteraient à leur triangle telles modifications convenables pour donner le maximum d’effet à l’exécution de ces ordres. Ce principe a, comme tous les principes, des avantages et des inconvénients, mais il a un regain d’actualité parce que c’est à son application que l’amiral Togo a dû en partie la victoire de Tsoushima. En tous cas, il ne peut être adopté sans une étude préalable à laquelle les escadres vont se livrer pendant les manœuvres : peut-être en sortira-t-il pour la marine une doctrine tactique