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LA REVUE DU MOIS

par les adversaires de la participation contre l’ingérence ouvrière dans la comptabilité patronale tombe d’elle-même ; la situation reste la même qu’il s’agisse de sociétés anonymes ou de sociétés en nom collectif.

Ajoutons à tous ces avantages celui d’unir tous les ouvriers français d’une même industrie dans un sentiment de solidarité dont il est superflu de faire ressortir les précieux effets. — Marcel Plessix.

Génie civil. — Le tunnel sous la Manche. — Un parlementaire anglais, sir William Holland, a récemment pensé que l’occasion était bonne d’attirer à nouveau l’attention sur le projet, déjà ancien, d’un tunnel sous la Manche. La Chambre des Communes, malheureusement, n’a pu l’entendre ; elle avait trop à faire, et il est permis de supposer qu’elle a été enchantée de n’avoir pas à exprimer son opinion.

La question est, en effet, une de celles qui embarrassent le plus le gouvernement anglais et sir William Holland lui-même ne se fait pas l’illusion de croire que la fameuse entente aboutira, pour le moment, à autre chose que des discours. L’opposition des ministres anglais au tunnel a toujours été très forte, et la raison capitale en est que, s’il était possible d’aller en Angleterre autrement qu’en bateau, alors l’Angleterre ne serait plus une île, et il serait fort à craindre que quelque nation continentale n’en profite pour l’envahir un beau matin et s’en faire une colonie.

Il n’y aurait pas, s’il faut en croire M. Sartiaux et la Revue générale des chemins de fer (avril 1906) de difficultés de construction très redoutables. La longueur du tunnel (50 kilomètres) ne serait même pas un obstacle absolu à une rapide exécution. Il n’y aurait pas à craindre, comme dans la plupart des autres galeries souterraines, l’instabilité du sol ou sa haute température, le manque de cohésion de la roche dont la nature est rarement connue d’avance et qui peut à un moment donné s’ébouler, s’effriter ou même couler comme une pâte : les inondations qui, malgré les apparences, ne seraient pas plus à redouter au-dessous du niveau de la mer qu’au-dessus.

Le sol du Pas-de-Calais est, et a toujours été très stable. Il semble n’y avoir jamais eu, dans cette région, de mouvements géologiques brusques. Les couches se succèdent les unes aux autres régulièrement, d’épaisseur presque uniforme, sans fractures et sans plissements. L’une d’elles justement, appartenant au terrain dit Cénomanien, inspire aux ingénieurs toute confiance. La pierre calcaire compacte, presque imperméable, forme un banc épais d’environ