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L’INSTRUCTION TECHNIQUE DES ÉQUIPAGES DE LA FLOTTE

spéciale et par le seul jeu des habitudes du bord, autrement dit de la routine.

Or la variété et la complexité des mécanismes ont profondément modifié les circonstances depuis cinquante ans : le matériel évolue continuellement d’où la nécessité d’une instruction constante, et les connaissances nécessaires aux sous-officiers ne peuvent plus s’acquérir du premier coup, d’où la nécessité d’en augmenter la dose à chaque grade. Il est inconcevable de penser qu’actuellement tout adjudant arrive à ce grade sans qu’on lui ait imposé d’autre bagage théorique que le manuel devenu archaïque dont il a pris connaissance quinze ans auparavant. Il est évidemment nécessaire de compléter l’instruction primitive des marins par un enseignement plus élevé pour les sous-officiers, autrement dit de créer un enseignement à deux degrés par analogie avec ce qui se passe dans l’Université où l’enseignement primaire supérieur succède au primaire.

En résumé, l’étude du manuel devrait, dans chaque école, être complétée par une pratique constante comportant deux parties : la première serait commune à toutes les spécialités et leur apprendrait les travaux tellement courants qu’il devient impossible de les ignorer, comme par exemple, manœuvrer une porte étanche ou un robinet, mettre en place un plomb fusible ou une lampe électrique, savoir lire un manomètre, passer une mèche de graisseur ; affûter et tremper un outil simple ; la seconde partie resterait limitée aux travaux simples spéciaux à chaque spécialité, tout en donnant sur chacun d’eux des explications et des éclaircissements : elle apprendrait ainsi aux torpilleurs les travaux courants de réparations électriques (bobinages, soudures, etc.), aux gabiers la manœuvre des treuils, aux canonniers et fusiliers l’usage des appareils hydrauliques ou électriques desservant l’artillerie, aux timoniers les épreuves des lampes électriques, à tous les propriétés des métaux et les précautions à prendre pour leur entretien, le rôle du graissage et son emploi raisonné.

Mais il est bien entendu que cette instruction des équipages doit être essentiellement pratique, et c’est lorsque ces hommes deviennent des sous-officiers, c’est-à-dire des intermédiaires que