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posés d’éléments contradictoires, élancés ou trapus, charnus ou décharnés, squameux comme des lézards, visqueux comme des raies, munis d’appendices comme des pieuvres, velus comme des singes, cornus comme des boucs, ailés comme des chauves-souris, pourvus de trompes, de queues, d’antennes, de griffes, de dents saillantes. Il en est qui bondissent et volent, d’autres qui se glissent en rampant. Nous en voyons en la structure desquels s’amalgament des organes humains, des portions hideuses de squelettes, des détails végétaux, des ustensiles de matière inerte.


Le Jugement dernier.
Gravure d’Alant du Homel, d’après une œuvre perdue de Jérôme Bosch.

Un diable est fait d’un œuf porté sur des pattes de sauterelle et prolongé d’une queue de saurien. Celui-ci a des fleurs pour oreilles et pour museau une flûte à six trous. Celui-là se constitue de chair et d’os… et de poterie. D’énormes poissons, construits et grées à la façon des navires, transportent des gnomes captifs dont les extrémités s’étirent, au dehors, à travers des ouvertures pareilles à des hublots. Parfois même, (notamment dans le volet du paradis de l’Escurial), ces vivants esquifs semblent servir aux jeux des élus. À ce monde informe et difforme,