Page:La Revue blanche, t28, 1902.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enquête sur l’Éducation

Sur cette question de l’éducation qui semble devoir motiver bientôt un grand débat politique, nous avons adressé à quelques personnes le questionnaire suivant :

1° Dans quelle sorte d’établissement (laïque ou religieux) avez-vous été élevé ?

2° Quelle influence attribuez-vous à l’éducation reçue, dans le développement de votre personne intellectuelle et morale ?

3° Que pensez-vous de la liberté de l’enseignement ? Faut-il, selon vous, la restreindre, voire la supprimer, ou, au contraire, lui donner plus d’extension ?

4° Que pensez-vous de l’usage qui est fait du mot « liberté », dans cette question de l’enseignement ?

Voici les réponses qui nous ont été faites :

De M. Paul Adam :

1° J’ai été au lycée Henri IV, à Paris, et terminé mon éducation au lycée de St-Quentin, tous deux laïques ;

2° Je n’ai subi que très peu d’influence de l’éducation au lycée, je ne me suis développé qu’en dehors et surtout plus tard. J’ai conservé de mes années d’internat un très mauvais souvenir, car la règle de ces établissements troubla toujours mon caractère.

Quant à la réponse à votre troisième question, je vous dirai que je suis très respectueux de toutes les libertés ; aussi, aimerais-je voir donner à certains enfants une éducation très catholique aussi bien qu’à d’autres une éducation absolument révolutionnaire, suivant les convictions de chacun.

De M. Henry Bérenger :

1° J’ai été élevé dans des collèges et des lycées de l’Université laïque (collège de Dinan, lycée de Coutances, lycée Henri IV à Paris).

L’éducation de la famille a été pour moi le principal agent du développement intellectuel et moral. C’est vous dire que je suis un partisan convaincu et radical de l’externat. Les quelques mois que je fus obligé de passer comme interne dans un grand lycée, vers la dix-septième année, n’ont laissé à mes parents et à moi-même qu’un pénible souvenir. Je dois ajouter qu’au lycée comme dans la famille, je n’ai dû mon éducation et mon instruction qu’aux principes de la raison purement laïque.

3° Je crois que la liberté d’enseignement est et restera un sophisme, tant qu’il existera des Congrégations religieuses et une Église Romaine.