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importance. C’est un extrait d’une lettre venant de Hsi-ngan-fou, résidence actuelle de la Cour, écrite par un haut fonctionnaire que je n’ose désigner par peur de lui nuire, et adressée à Ourga au mois de janvier. La signature de ce mandarin ne le compromettra pas, étant donné la superficialité des diplomates. Je ne peux, pour des raisons de convenances personnelles, nommer le destinataire. La lettre m’a été apportée à Kiakhla par un ami.

On remarquera l’allure tout à fait calme et quasi-politique de cet extrait. Ce mandarin n’est certes pas un homme, qui, comme l’auteur des deux lettres de Kalgan, remplace le froid raisonnement par des cris de vengeance et qui prend ses désirs personnels pour des réalités.

lettre de m. t…, haut fonctionnaire du hou-pou[1], à monsieur s…, secrétaire, à ourga.

Je suis bien aise, mon vénérable oncle, que vous vous trouviez au maïmatchin nord, que vous soyez donc sous la projection sûre des Ous. Vous vous trouvez donc déjà dans une situation que nous, moins favorisés, ne pouvons qu’espérer. Les nouvelles concernant les dévastations occasionnées par les Pous, malgré le cours des négociations de paix, sont affreuses. Le gouvernement ne peut protéger le pays., Mon vénérable ancien maître, M. Ou…, membre des Han-lin (Académie) et membre de la Cour de cassation, m’a cependant dit que le gouvernement compte enfin sur l’assistance effective de l’empereur des Ous, lequel se trouve maintenant en profond antagonisme avec ce criminel empereur des Pous qui fait perpétrer d’extraordinaires sévices sur des populations entières qui ignoraient jusqu’à son existence. Mais vous devez être mieux au courant de la marche de l’action russe que moi ; et à cette heure vous avez peut-être déjà vu avancer les Tatars russes vers le sud pour, au profit de tous, libérer ce pays des envahisseurs transocéaniens. On espère que peut-être le général Pou sera assez imprudent pour mettre en colère l’empereur des Ous

  1. Désignation du ministère des finances. Les cinq autres ministères sont Li-pou, intérieur ; Ping-pou, guerre ; Hing-pou, justice ; Li-pou, cultes ; et Kong-pou, travaux publics. Le Tsong-li-ya-men, espèce de ministère des affaires extérieures, n’a pas eu jusqu’à présent d’existence réglée et stable.